Alors que l’utilisation des herbicides est de plus en plus critiquée par l’opinion publique, les solutions de rechange se multiplient. On a déjà vu émerger des solutions fondées sur l’électricité ou sur la chaleur extrême pour éliminer les mauvaises herbes. Une nouvelle piste attire aujourd’hui l’attention : l’usage de la vapeur.
Un rapport publié par le Propane Education and Research Council (PERC) aux États-Unis met en avant un outil agricole tracté par un tracteur capable d’injecter de la vapeur dans le sol pour détruire les graines de mauvaise herbes avant même leur germination.
Une technique qui rappelle l’application de l’ammoniac anhydre. L’outil, alimenté par du propane, a été testé dans le cadre d’un projet universitaire financé par le PERC.
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Selon le rapport, « l’applicateur en bandes injecte de la vapeur le long des lignes de semis avant plantation ». Les chercheurs affirment qu’en chauffant le sol à une température de 65 à 70 °C pendant 15 à 20 minutes, il est possible d’éliminer plus de 90 % de certaines mauvaises herbes particulièrement coriaces.
Dans les essais en cultures maraîchères, cette technique aurait permis de réduire fortement les coûts de main-d’œuvre liés au désherbage.
Une vieille idée remise en cause
Pourtant, tous les chercheurs ne partagent pas cet enthousiasme. « L’idée n’est pas nouvelle, rappelle Steve Shirtliffe, professeur à l’Université de la Saskatchewan. Nous avons mené quelques essais avec une entreprise qui démarrait dans ce domaine. »
Résultat : difficile d’atteindre une température suffisante pour tuer les graines de mauvaises herbes. « Même en avançant très lentement, la chaleur n’approchait pas le seuil nécessaire », explique-t-il.
La raison ? Les graines sont bien plus résistantes que les microbes. Elles supportent souvent des températures très élevées. Et pour les détruire, deux paramètres sont essentiels : la chaleur atteinte et la durée d’exposition. « C’est comme cuisiner un plat », illustre le chercheur.
Mais si la température nécessaire est atteinte, l’impact dépasse largement les seules graines indésirables. « C’est une situation de terre brûlée, avertit Steve Shirtliffe. Vous stérilisez le sol et toute la faune qui y vit est détruite, sauf ce qui se trouve plus en profondeur. »
À cela s’ajoute un frein majeur : le coût énergétique. « Chauffer un sol dense et humide demande énormément d’énergie », souligne-t-il, rendant l’approche difficilement viable à grande échelle.
Une voie plus prometteuse : cibler les jeunes pousses
En revanche, utiliser la vapeur directement sur les jeunes mauvaises herbes déjà sorties de terre s’avère beaucoup plus efficace. Une étude publiée en 2017 dans le New Zealand Journal of Agricultural Research l’a démontré.
À une vitesse de tracteur de 3 km/h, l’application de vapeur a permis d’éliminer 100 % des plants de moutarde âgés de dix jours, utilisés comme mauvaise herbe de substitution.
D’autres espèces ont également été détruites au stade cotylédon. Mais plus les plantes vieillissaient, plus elles devenaient résistantes, protégées par leurs tiges épaissies ou leurs feuilles.
« Réfléchissez-y : est-il plus simple de tuer une petite plante verte ou de chauffer le sol assez profondément pour détruire une graine enfouie ? » demande Steve Shirtliffe.
Selon lui, la voie la plus réaliste et la plus rentable consiste donc à cibler les jeunes mauvaises herbes. La recherche se poursuit et les débats restent vifs dans le monde académique, surtout à mesure que l’usage des herbicides est de plus en plus remis en cause.
Cet article de Scott Garvey publié dans Grainews a été traduit et adapté par Le Bulletin des agriculteurs.