Un premier cas de nématode à kyste du soya

Le champ affecté se trouve dans le Centre-du-Québec

Publié: 18 juillet 2024

Kyste de nématode à kyste du soya (flèche rouge) et nodule du soya (flèche verte) sur racines de soya.

Le Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP) a confirmé la semaine dernière avoir détecté la présence de nématode à kyste (NKS) dans un champ de soya du Centre-du-Québec. Depuis 2016, un programme de suivi au champ est réalisé avec le partenariat d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.

La présence du parasite est confirmée dans la province depuis 2013 et s’étend dans toutes les régions périphériques, indique le phytopathologiste du MAPAQ, Antoine Dionne en entrevue. Comme le confirme le suivi historique fait depuis les huit dernières années (voir le tableau), les populations sont en hausse et se retrouvent partout, même en Abitibi-Témiscamingue. Antoine Dionne rappelle que le parasite peut entraîner des pertes s’élevant jusqu’à 30%. Le NKS est un ver microscopique invisible à l’œil nu. Il endommage le système racinaire et utilise l’eau et les nutriments disponibles au détriment de la culture.

Ce sont les symptômes présents dans le champ qui ont donné la puce à l’oreille des spécialistes. Les zones affectées montrent un jaunissement des plants. Habituellement ces zones sont regroupées en plaques arrondies cercles ou ovales et les plants deviennent plus rabougris. Les plants peuvent aussi présenter un ralentissement de leur développement et dans la fermeture des rangs. La nodulation est réduite et la sénescence peut se faire plus rapidement.

À lire aussi

Naomie Corriveau, Semences Agrinov, Mauricie-Lanaudiere

État des cultures 22 août: Ça passe ou ça casse

Le coeur n’est pas trop à la fête cette semaine dans les champs. Les cultures vivent les conséquences irréversibles de la sécheresse.

Antoine Dionne indique que les conditions chaudes auraient favorisé le développement du nématode à kyste. Le Québec enregistre en effet un mercure élevé depuis presque un mois, avec des températures chaudes autant le jour que la nuit. Avec les changements climatiques, il ne serait donc pas étonnant de voir les populations augmenter puisque le parasite pourrait avoir de quatre à cinq générations par année au Québec d’ici 2050, alors que ce chiffre est d’un à trois pour le moment, ajoute l’expert du MAPAQ.

Le RAP met l’emphase sur le dépistage puisque le nématode est difficile à détecter à l’œil nu et que les symptômes peuvent être confondus avec d’autres causes. Il faut faire très attention en retirant les plants pour ne pas endommager les racines puisque les kystes font moins de 1 mm. Il est possible de faire analyser les plants en laboratoire pour 80$, déclare le spécialiste. Les résultats sont disponibles en un à quatre jours. Les tests de sol prennent plus de temps, mais sont indiqués pour confirmer ou non la présence du parasite.

Le phytopathologie met l’emphase sur la prévention et la détection. Peu de tests provenant du privé se font pour le moment, mais les résultats pourraient aider à atténuer la présence du NKS, soit en utilisant des variétés résistantes ou par une rotation plus longue.

Il n’existe pas encore de cas de résistance au Québec mais cela a été confirmé aux États-Unis. « Il faut mieux prévenir, dit le spécialiste, car on ne dispose pas de tellement d’alternatives ».

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.