
*Saviez-vous que la luzerne est la légumineuse fourragère la plus cultivée dans monde? Toutefois, les gains de rendement ne se sont pas faits au même rythme que ceux des autres cultures agronomiques au cours des 50 dernières années. Obtenir des gains de rendement d’une plante vivace est plus difficile que pour une annuelle. Les variétés de luzernes se sont améliorées, mais les rendements ont simplement mis du temps à augmenter.
Traditionnellement, la sélection génétique pour augmenter les rendements dans la luzerne s’est concentrée sur les caractéristiques aériennes de la plante en ignorant en grande partie la contribution potentielle du système racinaire à l’amélioration du rendement. Ce dernier peut contribuer toutefois en facilitant l’accès à l’eau et aux nutriments.
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Des chercheurs de l’Université du Minnesota s’intéressent de plus en plus au système racinaire en affirmant que la majeure partie de la luzerne se trouve sous terre avec des racines poussant jusqu’à 5 pieds par an et atteignant jusqu’à 30 pieds de profondeur. Il n’est pas surprenant que l’architecture racinaire joue un rôle important dans la productivité de la luzerne. Les racines ont le potentiel d’influer sur la fixation de l’azote, l’absorption des nutriments, l’efficacité de l’utilisation de l’eau, la résistance des plantes au soulèvement, la résistance à l’hiver et la tolérance aux ravageurs.
Les racines de la luzerne peuvent être classées en 4 types :
- Pivotantes
- Branchues (fasciculées, ramifiées)
- Traçantes
- Rhizomateuses
La plupart des variétés de luzerne modernes ont une racine pivotante. Les études sur les racines de luzerne sont fastidieuses et peu courantes, mais récemment, de nouvelles techniques générant des images numériques des racines ont été développées, ce qui accélère le processus.
Dans une étude réalisée par Déborah Samac, les plants de luzerne ont été croisés pour des populations à forte et faible teneur en fibres et triés selon qu’ils étaient à racines pivotantes ou ramifiées. Ces populations ont été évaluées sur deux ans. Le rendement fourrager des plantes sélectionnées pour leurs racines fibreuses et ramifiées étaient de 7 à 14% supérieur au cours de l’année d’établissement et 9 à 16 % supérieur au cours de la première année de production par rapport à la luzerne à racines pivotantes.
L’étude suggère donc que la sélection d’une morphologie racinaire modifiée est une stratégie viable pour améliorer le rendement de la luzerne. Ces plantes avaient en effet plus de nodules que celles à racines pivotantes, ce qui pourrait signifier une meilleure fixation de l’azote. Il se pourrait également que l’enracinement des branches permette aux plantes d’accéder à plus de nutriments du sol.
Il reste encore beaucoup de questions à répondre concernant l’architecture des racines de luzerne. Il se pourrait que les plantes à racines pivotantes aient l’avantage de stocker des glucides pour survivre à l’hiver ou d’être plus résistantes aux conditions de sécheresse. À l’inverse, les plantes à racines ramifiées pourraient donner aux plantes un avantage dans les sols humides où les échanges gazeux sont importants.
En résumé, tout n’est pas noir ou blanc. Les différents types de systèmes racinaires apportent des aspects intéressants au champ. Pourquoi ne pas opter pour un mélange des deux types afin de bénéficier de tous les avantages !
*Texte réalisé par Roselyne Gobeil, en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte ne relèvent toutefois que de l’auteure et n’engagent pas le CQPF.
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