
*La dormance automnale de la luzerne correspond à la capacité de la plante à repousser après une coupe effectuée à l’automne et au printemps suivant. Cette caractéristique est évaluée sur une échelle de 1 à 11, où 1 représente le cultivar le plus dormant et 11 le moins dormant. Au Québec, les cultivars les plus couramment utilisés sont de classe 3 et 4.
Une luzerne plus dormante aura tendance à constituer ses réserves plus rapidement à l’automne, plutôt que de se concentrer sur une repousse importante. Ainsi, la dormance, parmi d’autres facteurs clés, influence la survie hivernale de la luzerne. En général, une luzerne moins dormante est plus productive, mais elle est également plus vulnérable aux rigueurs de l’hiver québécois. Heureusement, des études réalisées au Canada ont démontré qu’il est possible d’améliorer simultanément le rendement et la survie hivernale de la luzerne. La question reste cependant : qu’en est-il de la qualité du fourrage? Une luzerne plus dormante produit-elle un fourrage de moindre qualité, notamment après une coupe automnale?
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Une équipe de l’Université de Washington a exploré cette question pour déterminer si les cultivars plus dormants produisent un fourrage de moindre qualité au fil des coupes, particulièrement lors de la coupe automnale. Selon les résultats obtenus, la teneur en protéines n’a pas été affectée par la dormance des cultivars testés, mais d’autres paramètres de qualité ont diminué au fil des coupes, la première coupe étant de meilleure qualité que la dernière. Ce phénomène était plus marqué chez les cultivars plus dormants, qui ont présenté une valeur nutritive supérieure.
La digestibilité de la fibre NDF a été le facteur le plus influencé par le choix du cultivar, le cultivar de dormance 1 étant le plus digestible lors de la quatrième coupe. Pour la dernière coupe, les paramètres tels que la fibre au détergent acide (ADF), la fibre au détergent neutre (aNDF), la lignine, les sucres solubles (WSC), l’énergie nette de lactation (NEL), et d’autres paramètres, incluant la consommation volontaire de matière sèche (DMI), ont tous été affectés par la dormance des cultivars.
Ces découvertes nous invitent à réfléchir à notre modèle de culture et le choix des cultivars au Québec. Une coupe automnale est-elle toujours préférable lorsque l’objectif est d’obtenir un fourrage de haute qualité? Ces tendances se maintiendront-elles si les luzernes sont cultivées en mélange avec des graminées?
La saison 2024, tout comme 2023, nous a montré que la production abondante de fourrage sans qualité ne représente en aucun cas une opportunité.
*Texte réalisé par Caroline Matteau, en collaboration avec le Conseil québécois des plantes fourragères (CQPF). Les propos exprimés dans le texte ne relèvent toutefois que de l’auteure et n’engagent pas le CQPF.
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