De nombreuses associations agricoles ont exprimé leurs inquiétudes à la suite de la décision d’Ottawa de mettre en place une surtaxe de 100% sur les véhicules électriques fabriqués en Chine. La mesure s’accompagne d’une imposition de 25 % sur l’acier et l’aluminium chinois en droits de douane. La première mesure sera effective dès le 1er octobre pour les véhicules électriques et la seconde le 15 octobre.
Les Éleveurs de porcs du Québec et le Conseil canadien du canola font partie des groupes qui ont fait part de leurs craintes à la suite de l’annonce.
Les Éleveurs de porcs indiquent dans leur infolettre hebdomadaire avoir fait « des représentations auprès du gouvernement du fédéral pour le sensibiliser aux répercussions que cela pourrait engendrer sur l’ensemble du secteur ».
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« Nous continuerons de rester activement engagés pour soutenir l’accès au marché et la compétitivité du canola canadien sur ce marché clé », a pour sa part indiqué le président du Conseil, Chris Davison, dans un communiqué envoyé par courrier électronique.
Le gouvernement canadien invoque des conditions différentes en Chine quant aux normes environnementales et du travail, ce qui causerait une concurrence déloyale au secteur canadien automobile. « Nous défendrons toujours les travailleurs et les entreprises du Canada. C’est pourquoi notre gouvernement met sur un pied d’égalité les travailleurs canadiens de l’automobile et l’industrie canadienne des véhicules électriques de classe mondiale afin qu’elle soit compétitive sur les marchés nationaux, nord-américains et mondiaux », a déclaré sur X Mary Ng, ministre canadien de la Promotion des Exportations, du Commerce international et du Développement économique.
Le Canada se trouvait sous pression d’imiter l’Union européenne et les États-Unis qui ont mis en place des tarifs de même ordre afin de protéger leurs secteurs respectifs.
Le Canada n’a cependant pas le même poids économique et pourrait faire les frais de représailles, ce qui a été le cas dans le passé. Le secteur agricole en a été la victime en 2019 lorsque le gouvernement chinois a fortement diminué ses importations de porcs sous prétexte d’avoir noté des substances interdites dans le porc vendu en Chine, ce qui a toujours été contesté par les éleveurs canadiens. Les exportations ne sont jamais revenues aux niveaux atteints pendant l’épidémie de fièvre porcine en Chine en 2019 et 2020, mais elles demeurent importantes.
La Chine avait également mis en place des restrictions commerciales sur le canola canadien en mars 2019, ce qui avait fait fondre de plus de la moitié les exportations de canola vers la Chine dès l’année suivante. Les ventes ont rebondi seulement en 2023.
Les experts ont toujours lié les décisions de la Chine au fait que le Canada avait abandonné les procédures d’extradition contre Meng Wanzhou, pdg de la société chinoise Huawei.
Des représailles semblent d’ailleurs plus que possibles. Les entreprises porcines chinoises ont en effet demandé une enquête antisubvention et antidumping sur les industries porcine et laitière européennes peu après que l’Union européenne a annoncé des droits de douane de 17,4 à 37,6% sur les différents fabricants chinois de véhicules électriques.
*Avec l’aide de Sean Pratt, The Western Producer