Le président américain Donald Trump a ordonné samedi des tarifs douaniers drastiques sur les marchandises en provenance du Canada, du Mexique et de la Chine, déclenchant ainsi une guerre commerciale qui pourrait nuire à la croissance mondiale et relancer l’inflation. Trump a déclaré l’état d’urgence nationale en vertu de la loi sur les pouvoirs économiques d’urgence internationaux et de la loi sur les urgences nationales pour soutenir les tarifs douaniers, qui permettent au président d’imposer des sanctions pour faire face aux crises.
Le Canada et le Mexique, les deux principaux partenaires commerciaux des États-Unis, ont immédiatement promis des mesures de représailles, tandis que la Chine a déclaré qu’elle contesterait la décision de Donald Trump auprès de l’Organisation mondiale du commerce et prendrait d’autres « contre-mesures ». Le Canada a également déclaré qu’il contesterait la décision devant l’OMC.
Trump a imposé par décret des droits de douane de 25% sur les importations mexicaines et la plupart des importations canadiennes. Le secteur canadien de l’énergie, comprenant le pétrole, le gaz naturel et l’électricité sera imposés à hauteur de 10%. C’est ce taux qui frappera par ailleurs toutes les marchandises en provenance de Chine, à partir de mardi le 1er février. De plus, les autorités américaines ont déclaré que le Canada ne bénéficierait plus de l’exonération « de minimis » des droits de douane américains pour les expéditions de moins de 800 $. Les responsables de la Maison Blanche ont déclaré que si le Canada, le Mexique ou la Chine ripostaient contre les exportations américaines, Trump augmenterait probablement les droits de douane américains.
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Si le président américain a encore invoqué l’entrée de fentanyl aux États-Unis, il a précisé dimanche qu’il souhaitait faire du Canada le 51e État des États-Unis et mettre fin aux « subventions » américaines envers le pays. La Maison-Blanche n’a fourni aucun autre paramètre pour déterminer ce qui pourrait satisfaire les exigences de Trump.
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le Canada réagirait en imposant des droits de douane de 25 % sur 155 G$ de produits américains, notamment de la bière, du vin, du bois et des appareils électroménagers. Une première vague de tarifs de 30 G$ entreront en vigueur mardi et de 125 G% 21 jours plus tard.
Justin Trudeau a averti les citoyens américains que les tarifs douaniers imposés par Trump augmenteraient leurs coûts d’épicerie et d’essence, ce qui pourrait entraîner la fermeture d’usines de montage automobile et limiter l’approvisionnement en biens tels que le nickel, la potasse, l’uranium, l’acier et l’aluminium. Il a exhorté les Canadiens à renoncer à voyager aux États-Unis et à boycotter les produits américains.
Le Canada et le Mexique ont déclaré qu’ils travaillaient ensemble pour faire face aux tarifs douaniers imposés par Trump.
Le ministère chinois du Commerce n’a pas précisé les contre-mesures prévues. Sa déclaration laisse ouverte la porte à des négociations entre Washington et Pékin.
L’annonce des tarifs douaniers met à exécution la menace répétée de Trump lors de la campagne présidentielle de 2024 et depuis son arrivée au pouvoir, défiant les avertissements des meilleurs économistes selon lesquels une nouvelle guerre commerciale avec les principaux partenaires commerciaux des États-Unis éroderait la croissance américaine et mondiale, tout en augmentant les prix pour les consommateurs et les entreprises.
La perception des droits de douane américains devrait commencer mardi à 0 h 01 HNE, selon l’ordre écrit de Trump. Mais les importations chargées sur un navire ou sur leur mode de transit final avant d’entrer aux États-Unis avant 0 h 01 samedi seraient exonérées de droits.
Un modèle évaluant l’impact économique du plan tarifaire de Trump, élaboré par l’économiste en chef d’EY, Greg Daco, suggère que cela réduirait la croissance américaine de 1,5 point de pourcentage cette année, plongerait le Canada et le Mexique dans la récession et inaugurerait une « stagflation » chez eux.
Le secteur agricole se prépare
Un tarif de 25% devrait avoir de graves conséquences sur les produits agricoles canadiens, comme les céréales, le porc et le bœuf. Le Québec et le Manitoba sont particulièrement exposées pour ce qui est de la production porcine.
L’industrie canadienne du bœuf prévoyait pour 2024 2 G$ d’exportations de bovins vivants et à au moins 4 G$ d’exportations de bœuf vers les États-Unis. Le Canada est également un important marché d’importation pour le bœuf et le bétail américains. Environ 500 M$ de bovins et environ 1,5 G$ d’importations de bœuf en provenance des États-Unis arriveront au Canada cette année.
La société minière de potasse BHP a laissé entendre que la diversification serait sa réponse aux tarifs douaniers américains.
Le ministre de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire du Canada (AAC), Lawrence MacAulay, maintient que les relations commerciales transfrontalières peuvent résister à la tempête tarifaire. Il a souligné le rétablissement d’un comité du Cabinet chargé des relations entre le Canada et les États-Unis, qui, selon lui, se concentrera sur ces questions.
Sources: Farmtario (Jeff Melchior et Zach McLachlan), Farmtario (Andrea Shalal, David Lawder, Jarrett Renshaw) et Céline Normandin