Le fédéral crée une nouvelle agence pour l’eau douce

L'agence administrera les programmes de financement dans huit plans d’eau d’importance

Publié: 22 octobre 2024

L,eau douce représente 2,5% de l'eau sur Terre

Le gouvernement fédéral a annoncé à la mi-octobre la création officielle de l’Agence de l’eau du Canada et réalise ainsi une promesse faite dans le budget de 2021.

Ottawa a fait part de son intention d’en faire une entité autonome sous peu en l’imbriquant dans la législation. Son siège sera situé à Winnipeg, au Manitoba, et aura un budget de 85,1 M$ sur cinq ans, et par la suite de 21 M$ en continu pour son fonctionnement.

La nouvelle agence aura comme rôle de « renforcer la gestion de l’eau douce au Canada en assurant un leadership et en améliorant la coordination et la collaboration à l’échelle fédérale ainsi qu’avec les provinces, les territoires et les peuples autochtones », peut-on lire dans le communiqué.

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Certaines pistes de travaux ont été tracées. Elle aura, entre autres, à travailler avec ses partenaires pour mettre en œuvre les principaux éléments du Plan d’action sur l’eau douce, à élaborer une approche solide de la protection de l’eau douce, à contribuer à relever les défis et à saisir les occasions en matière d’eau douce transfrontalière.

Le nouvel organisme aura aussi comme mandat de recueillir des données sur le plan national et de développer une expertise sur le sujet. Il administrera de plus les programmes de financement dans huit plans d’eau d’importance nationale : les Grands Lacs, le lac Winnipeg, le lac des Bois, le lac Simcoe, le fleuve Saint-Laurent, le fleuve Mackenzie, le fleuve Fraser et la rivière Wolastoq/Saint-Jean. Elle pourra accorder des subventions pour la restauration et la protection de l’eau douce à l’aide d’un budget de 650 M$ sur dix ans.

La gestion de l’eau sur la sellette

La directrice générale d’Eau secours, Rébecca Pétrin, indique qu’il s’agit de la réalisation d’une promesse faites depuis quelques années par le gouvernement libéral. Bien que l’annonce ait des airs pré-électoraux, Rébecca Pétrin salue l’initiative. « Il s’agit d’une demande faite depuis longtemps par les chercheurs et diverses organisations de mettre sur pied un plan canadien sur l’eau douce. Le Canada fait beaucoup d’engagements à l’international, mais a, dans les faits, réalisé peu de choses »

La gestion de l’eau est une compétence partagée, explique la directrice. Le fédéral a sous sa responsabilité les voies de navigation, l’habitat du poisson et les exportations, soit les plans d’eau partagés à l’international. Il surveille aussi les contaminations possibles sur les côtes. Le provincial se charge de la consommation et de l’utilisation de l’eau, en plus d’appliquer les règles fédérales.

Dans le dossier de l’eau, qui prend de plus en plus les devants de la scène, le fédéral a le devoir d’être un initiateur dans la gestion de l’eau, fait valoir Rébecca Pétrin. « Tout est à construire au sujet de l’eau douce », dit-elle. Il faut moderniser la loi concernant la ressource et établir un cadre, ainsi qu’un mode d’emploi. « La première étape en serait une de communication avec une gestion plus macro grâce au partage de données », ajoute la directrice.

L’agriculture a son rôle à jouer dans cette discussion puisqu’elle utilise et rejette de l’eau, tout en étant aux premières loges des changements climatiques et de ses impacts sur la ressource. « L’agriculture fait partie de la solution. Elle est incontournable et se doit de participer aux discussions », ajoute-t-elle. L’agence étant fédérale, elle aura à faire face à plusieurs réalités, ce qui est vrai pour l’agriculture et les autres secteurs de l’économie.

Si la création de l’agence était attendue par la société civile qui pourra y participer, reste à voir les réactions des provinces. Il y a cependant espoir de voir une collaboration sur le sujet puisque l’agence a fait l’objet de discussions en bonne et due forme entre les paliers de gouvernements, ajoute la directrice.

L’agence devrait également résister à un changement de gouvernement puisque son budget a été clairement défini et que le personnel est embauché actuellement.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.