Dix jours de paresse. Faire une foule de choses sans objectif précis en tête. On finit par avoir des journées bien remplies dans l’inaction. Un peu plus de temps pour lire, réfléchir et taponner pour ensuite enfiler un roupillon jusqu’à ce que Léo décide que ça fait assez longtemps que je suis endormi. Pappy! Viens-tu jouer avec moi? Et pendant mes lectures ou écoute de reportage, je ne peux m’empêcher de voir des liens avec l’agriculture.
Je découvre une nouvelle expression : « le triangle de l’inaction ». Voici la définition courte : le triangle de l’inaction, comme son nom l’indique, est un modèle qui décrit comment les responsabilités liées à l’inaction face aux crises climatiques sont constamment renvoyées entre différents acteurs : les entreprises, les politiques et les citoyens.
J’oserais ajouter que ça s’applique très bien à l’entourage du monde agricole. C’est fou le nombre de messages contradictoires qu’on peut observer autour de nous. Que ce soit qu’on ne reçoive plus de soutien financier du MAPAQ pour l’avancement de notre bassin versant pourtant jugé important. On y a mis du temps, des efforts, de l’huile de bras et maintenant les gens d’en haut ont décidé que le soutien financier irait ailleurs comme si tout irait tout seul. Comme si tout d’un coup l’importance de cette action de mobilisation devenait secondaire au bénéfice d’autres défis. Un nouveau déboursé pour un programme qui soutient l’investissement pour de nouveaux équipements afin d’être plus efficace avec un besoin moins grand en main-d’œuvre. Donc des montants alloués pour grossir des équipements, pour améliorer l’efficacité aux champs.
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Je me suis permis une petite escapade à un endroit où j’espérais ne pas trop voir de champs en culture. Question de faire le plein d’énergie en oubliant le plus possible les tracas.
De l’autre côté, rien pour ceux qui le fond déjà en mode semis direct ou autres techniques moins exigeantes au niveau des besoins d’équipements. Les soutiens d’aide devraient récompenser ce qu’on arrive à réaliser vs des montants d’argents afin d’acheter des équipements neufs en espérant y arriver. Je pourrais facilement continuer dans l’énumération de plusieurs situations pour le moins difficile à comprendre encore en 2025. Donc on pourrait très bien entrer dans le triangle de l’inaction et retourner la balle à nos dirigeants, au gouvernement, et se croiser les bras et ne rien faire.
Chez nous, on a fait tout le contraire. Quand on a refait notre plan d’affaire, fin 2000, on s’est donné comme objectif d’orienter nos décisions sur ce qu’on pouvait réussir. En commençant par le souci d’améliorer la santé de nos sols. Une meilleure santé de nos sols nous a permis d’obtenir une santé financière qui nous permettait d’élargir nos horizons. C’est un lent processus vu de l’extérieur. Mais de notre côté, on l’a fait selon nos ressources tout en attrapant au vol certains volets de programme qui pouvaient compenser une partie de nos efforts.
On pourrait dire qu’on serait rendu encore plus loin si les différents programmes éaient plus disponibles ou mieux adaptés à l’innovation. Par contre, on peut démontrer aujourd’hui qu’on n’est pas tombé dans le piège du triangle de l’inaction. Encore aujourd’hui, Il arrive encore que quand je mentionne tous les bénéfices environnementaux qu’on a réussi à accomplir au fil des 20 dernières années, certains répondent : « Ouin! Mais vous appliquez du glyphosate! » Un excellent exemple du triangle de l’inaction.
Profession agriculteur.
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