En septembre 2025, AGCO a tenu une journée technologique sur une ferme centenaire, non loin de son usine Fendt de Marktoberdorf, en Allemagne. L’entreprise y avait convié des analystes financiers afin de présenter ses dernières innovations, principalement issues de la marque Fendt, et d’offrir un aperçu des tendances du marché mondial du machinisme agricole.
Mais le président-directeur général d’AGCO, Eric Hansotia, n’avait pas que de bonnes nouvelles à annoncer. Il y a quelques temps, le groupe tablait encore sur une remontée générale de la demande en équipements agricoles. Il reconnaît désormais que les perspectives pour l’Amérique du Nord se sont nettement assombries.
« Nous faisions partie de ceux qui pensaient que les quatre grands marchés allaient connaître une année en hausse, se désole Eric Hansotia. Mais en Amérique du Nord, la pression augmente. Rien n’est encore officiel, mais il y a de fortes chances que 2026 soit en léger recul. L’incertitude est très forte en ce moment. »
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Outrun : le transbordeur de grains autonome
Le système autonome de transport des grains et de travail du sol Outrun a franchi une nouvelle étape. Après un an d’essais et d’améliorations, il est prêt pour une commercialisation limitée.
Selon lui, les décisions de l’administration américaine plongent les producteurs dans le doute. Le comportement et le moral de ceux-ci reflètent cette nervosité. « C’est probablement la prévision la plus incertaine que nous ayons jamais eue », reconnait Eric Hansotia.
L’Europe et l’Amérique du Sud en contrepoids
Si la situation nord-américaine inquiète AGCO, d’autres régions s’annoncent plus prometteuses. Le groupe prévoit une année plus favorable en Europe et en Amérique du Sud, deux zones stratégiques qui représentent ensemble environ 58 % des ventes mondiales de l’entreprise.
Aux États-Unis, le revenu agricole recule, notamment à cause du boycott chinois sur le soya américain, une riposte aux tarifs douaniers imposés par Washington. Ce boycott a exercé une forte pression sur les prix, poussant les organisations agricoles à réclamer une aide d’urgence du gouvernement.
Autre sujet de mécontentement
Le plan de sauvetage financier américain de l’Argentine est un autre sujet de discorde qui irrite les agriculteurs américains. Depuis qu’elle a reçu des milliards de dollars des États-Unis, l’Argentine a supprimé les droits de douane à l’exportation sur le soya cultivé dans le pays et la Chine a effectué un achat important.
Résultat : l’Argentine supplante désormais les États-Unis comme principal fournisseur de la Chine, un scénario qui « rend les producteurs américains furieux », souligne Eric Hansotia.
La technologie comme planche de salut
Malgré cette morosité sur son marché domestique, AGCO continue d’investir massivement dans les technologies, comme l’autonomie et le numérique, qu’elle considère comme le moteur de sa croissance future.
En août 2025, sa division PTx Trimble a lancé FarmEngage, une nouvelle plateforme de gestion agricole compatible avec les flottes multimarques. L’entreprise a également amorcé la commercialisation limitée de son système autonome de transbordement de grain, Outrun. Par ailleurs, des prototypes pour le travail du sol et l’épandage d’engrais sont rendus en toute première phase d’essai ou à l’étape juste avant la commercialisation.
Des systèmes autonomes pour le semis et la pulvérisation sont aussi en développement, mais à un stade moins avancé. Eric Hansotia confirme : « Nous avons dit que nous intégrerions des éléments d’autonomie à chaque étape du cycle des cultures d’ici 2030, cet objectif tient toujours ».
Tout avance à petits pas
L’entreprise s’attend toutefois à une adoption lente de l’autonomie. « Lorsque le guidage GPS est arrivé, les agriculteurs disaient : “Je ne suis pas sûr d’en avoir besoin.” Puis, une fois qu’ils l’ont essayé, ils ont réalisé à quel point c’était utile. On observe la même réaction aujourd’hui avec notre kit d’autonomie », explique Eric Hansotia.
Selon lui, la confiance viendra étape par étape, au fur et à mesure que les systèmes démontreront leur fiabilité. AGCO concentre donc actuellement ses efforts sur les opérations à risque limité, comme le transport ou le travail du sol, avant de s’attaquer aux tâches cruciales comme les semis.
« Les agriculteurs ne sont pas encore prêts à laisser une machine planter ou semer sans surveillance. Parce que si on rate les semis, rien ne peut corriger ou compenser les erreurs », reconnaît-il.
Mais le PDG reste optimiste : « D’ici cinq à dix ans, une grande partie des producteurs progressifs auront automatisé bon nombre des tâches. Cette tendance va croître de façon régulière au cours des prochaines années ».
Cer article de Scott Garvey publié dans The Western Producer a été traduit et adapté par Le Bulletin des agriculteurs.
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