Alors que les manufacturiers espéraient un rebond des ventes en 2025 après une période de ralentissement, le yo-yo des tarifs douaniers imposés par les États-Unis vient jeter une douche froide. Résultat : le coût des nouvelles machines et des pièces grimpe – même pour les agriculteurs canadiens.
Le rapatriement en sol américain ne convainc pas
Les justifications américaines ont changé au fil du temps, mais une constante demeure : l’incertitude. L’un des objectifs proclamés des tarifs était de rapatrier la production en sol américain. Mais la guerre commerciale lancée sous l’administration Trump semble surtout semer la confusion, sans effet concret à court terme.
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Fusions des manufacturiers de tracteurs dans le temps
Dans les dernières décennies, l’industrie des manufacturiers de tracteurs a été marquée par une série de fusions et d’acquisitions qui ont eu des impacts importants sur le marché.
AGCO, l’un des grands noms du secteur, n’entend pas bousculer son réseau de production mondial dans l’immédiat. Lors d’une rencontre téléphonique sur les résultats trimestriels en mai, le PDG Eric Hansotia a expliqué que l’entreprise réévalue chaque année la meilleure stratégie pour produire, mais que le climat actuel est trop instable pour prendre des décisions de fond.
« Nous avons amorcé cette réflexion bien avant les droits de douane, explique-t-il. Mais tant que les hypothèses à long terme ne seront pas plus claires, nous attendons. »
Effet domino sur les ventes nord-américaines
La volatilité géopolitique et les tensions commerciales freinent aussi le moral des agriculteurs. Résultat : la demande pour les équipements agricoles fléchit.
« Le climat d’incertitude a refroidi l’enthousiasme des producteurs américains, affirme Hansotia. Les ventes ont été plus faibles que prévu. »
Le constat est net : au premier trimestre 2025, les ventes de tracteurs d’Agco en Amérique du Nord ont chuté en moyenne de 14 %. Le segment des moissonneuses, lui, a plongé de 46 %.
Prix en hausse pour l’équipement et les pièces
Avec des coûts de production en hausse à cause des droits de douane, Agco annonce des hausses de prix?: environ 1 % sur les nouveaux équipements cette année, et déjà plusieurs augmentations sur les pièces détachées.
« Nous avons déjà commencé à appliquer certaines hausses », confirme Damon Audia, directeur financier du groupe.
Pour tenter de limiter les dommages, Agco envisage par exemple de mettre en place des entrepôts sous douane pour amortir les hausses sur les produits européens destinés au marché canadien.
Fait intéressant : Agco ne compte pas répercuter les hausses tarifaires uniquement sur les produits directement touchés par les droits. Une décision stratégique.
« Si l’on surcharge un seul produit, il devient trop cher par rapport au reste du marché. On préfère répartir les coûts supplémentaires à l’ensemble de notre parc », explique M. Hansotia.
L’Europe et la Chine dans le viseur
Enfin, Agco identifie deux principales sources de pression tarifaire : les machines provenant de l’Union européenne, et les composants achetés en Chine.
« Les droits de douane sur les importations européennes sont actuellement notre principal obstacle, dit M. Audia. Les pièces venant de Chine arrivent en deuxième place. »
Traduit et adapté d’un article de Scott Garvey paru dans Grainews.
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