Énergie: les options agricoles se diversifient

L’idée d’une autonomie énergétique sur l’exploitation progresse

Publié: il y a 1 heure

New Holland a créé un tracteur autonome diesel-électrique qui a été testé dans des vergers et des vignobles. Photo : John Greig

Le salon de machinisme agricole Agritechnica, qui avait lieu à Hanovre en Allemagne en novembre 2025, a mis en lumière la polyvalence des carburants et des possibilités diesel-électriques. Les concepts hybrides diesel-électriques étaient une tendance clairement visible à Agritechnica 2025.

Le constructeur chinois Zoomlion, actif à la fois dans les équipements de construction et agricoles, a attiré l’attention en présentant l’ensemble de sa gamme de tracteurs et de moissonneuses-batteuses fonctionnant avec des entraînements hybrides diesel-électriques.

Nexat, une entreprise qui défie les travaux au champ avec son porte-outil unique, utilise également des moteurs électriques pour faire fonctionner ses machines.

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Les exploitations agricoles sont de plus en plus sous pression pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre tout en cherchant à diminuer leurs coûts grâce à une meilleure efficacité énergétique. Résultat : jamais les options de motorisation n’ont été aussi nombreuses.

Les moteurs diesel-électriques sont utilisés dans les locomotives et les engins de chantier, mais ont mis du temps à s’imposer dans le secteur agricole. Le principe est pourtant simple : le système devient plus efficace lorsque la puissance est transmise par des moteurs électriques directement aux points où elle est nécessaire.

Concrètement, un moteur diesel entraîne une génératrice qui redistribue ensuite l’énergie électrique aux différents organes de la machine.

Les grands motoristes agricoles ont déjà présenté plusieurs concepts diesel-électriques, mais peu de modèles sont réellement disponibles sur le marché.

John Deere, par exemple, propose sur ses tracteurs 8R une option de génératrice avec une transmission à variation continue électronique eAutoPowr. Celle-ci fournit de l’énergie électrique aux outils, sans toutefois constituer un système diesel-électrique complet.

Des moteurs de plus en plus flexibles côté carburants

Les grands fabricants misent désormais sur la polyvalence. Leurs nouveaux moteurs sont conçus pour pouvoir fonctionner, avec certaines modifications, à l’éthanol, au biodiesel ou encore à l’huile végétale hydrogénée (HVO), très répandue en Europe comme carburant renouvelable.

Les agriculteurs doivent donc se préparer à des moteurs capables d’utiliser la plupart des carburants disponibles localement.

Agco Power a profité d’Agritechnica pour dévoiler le plus gros moteur de sa nouvelle gamme Core : le Core 80, un huit litres destiné à équiper notamment la future série Fendt 800. Grâce au réglage conjoint du moteur et de la transmission à variation continue, la vitesse maximale est atteinte dès 1 400 tr/min. Les moteurs Core sont aussi conçus pour fonctionner au biodiesel, à l’hydrogène ou au méthane. Mais, aucun d’entre eux n’est plus performant que l’énergie pouvant être produite à partir d’un litre de diesel.

Hydrogène : potentiel élevé, contraintes réelles

Malgré son attrait environnemental, l’hydrogène reste moins dense énergétiquement que le diesel. Il entraîne une perte d’environ 30 % de la puissance moteur.

Le stockage, le ravitaillement et la logistique constituent encore des obstacles majeurs, tant sur les fermes que sur les machines elles-mêmes.

JCB croit néanmoins fermement à cette technologie et commercialise déjà des modèles à hydrogène destinés aux entreprises cherchant à réduire leurs émissions.

Pour compenser la perte de puissance, Agco a intégré un système hybride, même si cette solution est perçue comme transitoire.

L’idée d’une autonomie énergétique sur l’exploitation progresse.

Jahmy Hindman, chef de la technologie chez John Deere, a évoqué la possibilité pour les agriculteurs d’utiliser une petite part de leur récolte pour produire le carburant nécessaire à la saison suivante, complétant ainsi la boucle énergétique.

Justin Rose, président de la division Worldwide Agriculture and Turf de John Deere, a déclaré lors d’un événement médiatique à Agritechnica que l’entreprise continuera à produire des options que les agriculteurs recherchent en matière de groupes motopropulseurs.

Le méthane, symbole de la boucle énergétique

New Holland a présenté son tracteur T7 fonctionnant au méthane lors du salon Agritechnica, soulignant notamment qu’il était déjà commercialisé. Ce tracteur incarne l’idéal de l’autonomie énergétique à la ferme, puisqu’il utilise le méthane produit par le fumier pour fonctionner.

La technologie des batteries continue également d’évoluer. Lors du salon Agritechnica, John Deere a présenté son tracteur d’une puissance équivalente à 130 ch et de nombreux systèmes autonomes fonctionnant à l’électricité, tandis qu’Agco a dévoilé un nouveau concept de batterie empilable.

Avec les technologies actuelles, la limite des tracteurs 100 % électriques se situe autour de 120 à 130 ch, au-delà de quoi le poids et la recharge deviennent problématiques.

Les véhicules autonomes combinent différentes sources d’énergie : batteries pour les plus petits, diesel pour les plus puissants, et solutions intermédiaires comme le concept autonome New Holland R4, hybride diesel-électrique.

Le système Nexat, animé par deux moteurs de 550 ch, utilise des entraînements électriques aux roues pour une distribution plus flexible de la puissance.

Les machines Zoomlion ont attiré beaucoup d’attention à Agritechnica.

La moissonneuse de l’entreprise est équipée d’un moteur diesel qui alimente une génératrice, laquelle distribue l’énergie à 12 moteurs qui entraînent les roues, le convoyeur d’alimentation et la barre de coupe, les vis à grains, les doubles rotors de battage et le broyeur de paille. Puissance totale : 480 ch.

Selon le constructeur, cette architecture réduit de 70 % les chaînes, courroies et poulies par rapport à une moissonneuse conventionnelle, limitant les points de rupture. Tous les moteurs peuvent aussi fonctionner en marche inversée, facilitant le dégagement des bourrages.

Les tracteurs Zoomlion couvrent une plage de puissance de 160 à plus de 700 ch et promettent un gain d’efficacité énergétique de 15 %.

Plus de choix, mais plus de complexité

Si ces machines Zoomlion ne sont pas encore disponibles en Amérique du Nord, elles sont déjà en service en Australie et en Amérique du Sud.

Au final, la recherche d’efficacité énergétique et la réduction des émissions continuent de transformer les chaînes de traction agricoles. Les agriculteurs disposent de plus d’options que jamais, mais doivent aussi composer avec des moteurs et des systèmes d’approvisionnement en carburant de plus en plus complexes.

Cet article de Scott Garvey publié dans The Western Producer a été traduit et adapté par Le Bulletin des agriculteurs.

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