McWatters (Québec), 11 février 2002 – Assistera-t-on bientôt au dégel des relations entre Québec et les artisans agriculteurs et transformateurs alimentaires du Québec?
Chose certaine – et c’est une première – des fonctionnaires du ministère de l’Agriculture du Québec (MAPAQ) et l’Union paysanne amorceront des discussions, le 21 février prochain, à Québec.
« On va discuter d’éventuelles modifications à la loi sur l’inspection des aliments pour accommoder les petits acteurs de l’agroalimentaire. Abattoirs, fromageries, boulangeries, confiseries ou entreprises de transformation de fruits et légumes, on discutera de tout », a annoncé hier Roméo Bouchard, président de l’Union paysanne, qui revendique déjà 500 de ces petits artisans parmi ses membres, mais évalue leur nombre à environ 10 000 dans l’ensemble des régions du Québec.
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Les porte-parole du ministère mettent pour leur part la pédale douce sur l’importance à donner à cette rencontre.
Le boulanger artisan abitibien Léandre Bergeron a tout de même rejeté hier l’offre de compromis faite plus tôt par le ministre de l’Agriculture Maxime Arseneau qui l’appelait à mettre de l’eau dans son vin.
« Je veux qu’on change la loi pour les producteurs artisans qui acceptent les inspections directes de leurs clients, rétorque l’artisan en rupture de ban. Les inspecteurs du MAPAQ ne seront de toutes façons jamais assez nombreux pour empêcher un cuisinier de cracher dans la soupe d’un client qu’il haït! »
M. Bergeron donne ses pains à sa clientèle du magasin de produits naturels « La Semence », à Rouyn-Noranda, depuis trois semaines maintenant plutôt que s’inscrire et se soumettre aux inspections du MAPAQ et de rendre sa boulangerie conforme aux directives de la loi sur les produits alimentaires.
Solidaires ou amusés, la plupart des clients laissent un « petit quelque chose ». De sorte que l’artisan rapporte avoir depuis considérablement augmenté sa production quotidienne (de 90 à 130 pains par jour).
Des directives, estime Bergeron, le ministère en possède à foison pour harceler les artisans. Le ministère de l’Agriculture, selon lui, penche en faveur des industriels de l’alimentation et des gros producteurs agricoles, à qui les agriculteurs et producteurs artisans font de l’ombre.
« En plus des mes installations que je devrais modifier ils peuvent, par exemple, me contraindre de réserver mon camion de livraison du pain à cette seule utilisation alors que c’est le moyen de transport de toute la famille », dit-il.
Une fromagerie voisine de chez Bergeron, la Bique à Tibi, aurait fermé ses portes il y a quelques années malgré de nombreuses acrobaties, faute de satisfaire aux exigences (locaux séparés de la maison, toilettes attenantes, etc.) du ministère.
Un producteur d’autruches de St-Matthieu près d’Amos recevra mercredi prochain la visite des huissiers après avoir depuis des années refusé de se conformer aux injonctions du MAPAQ.
Des producteurs artisans de toutes les régions du Québec clament, comme Léandre Bergeron, que les règles et les normes en matière de production des aliments constituent, que la chose soit intentionnelle ou non, un frein à leurs activités. L’Union paysanne estime même que le gouvernement et l’industrie édictent depuis les années 1950 des normes qui sont surtout des tactiques pour éliminer les marginaux.
Personne ne possède de relevé certain du nombre des petits producteurs et transformateurs au Québec. Le MAPAQ non plus n’a pas d’inventaire des producteurs artisans qui, pour bon nombre, négligent de s’inscrire. Le ministère, avons-nous appris par la bande, n’a pas non plus pour l’instant de définition du producteur artisan québécois.
À tout le moins, estime M. Bouchard, pour qui la rencontre prend figure de victoire, le ministère semble maintenant plus conscient de notre impact économique.
Source : Presse Canadienne
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Ministère de l’agriculture des pêcheries et de l’alimentation du Québec (MAPAQ)
http://www.agr.gouv.qc.ca/
Union Paysanne
http://www.unionpaysanne.com/