Paris (France), 5 mars 2004 – L’agriculture biologique, avec 1,8% des terres cultivées, ne décolle pas en France, en dépit de l’intérêt du consommateur pour les produits « bio », synonymes pour lui de santé et de protection de l’environnement.
Moins d’une centaine de nouvelles exploitations « bio » se sont créées l’an dernier en France, très loin de l’objectif officiel fixé en 1997 de 2.000 par an, selon des chiffres publiés au Salon de l’agriculture.
Pionnière dans les années 70, l’agriculture biologique française est passée à la 13e place européenne et au 25e rang mondial. L’Italie, l’Allemagne et l’Autriche caracolent en tête de l’Union européenne avec des surfaces agricoles biologiques voisines de 10% du total cultivé.
Les surfaces françaises « bio » ont crû de seulement 6% en 2003, contre 21% l’année précédente. Pire, les entreprises de transformation, indispensables pour amener le produit biologique dans nos assiettes, ont fondu l’an dernier de 7%.
Résultat: la moitié des produits « bio » consommés en France sont toujours importés, alors que la France est le premier producteur agricole de l’Union et que des agriculteurs conventionnels mettent tous les ans la clé sous la porte.
La Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) met en cause l’absence de soutien politique à la filière et l’incohérence des aides publiques.
Le dispositif d’accompagnement des agriculteurs qui se convertissent au « bio » est par exemple resté en suspens pendant plus d’un an, le temps que les nouveaux « contrats d’agriculture durable » prennent le relais en novembre des anciens CTE (contrats territoriaux d’exploitation), supprimés en août 2002.
La Fnab réclame une aide stable, rémunérant le service rendu à l’environnement. L’agriculture biologique, garantie par le logo « AB », n’utilise pas de produits chimiques et est exempte d’OGM.
Or, l’agriculteur biologique perçoit 30 à 40% d’aide en moins qu’un agriculteur conventionnel dans le cadre de la Politique agricole commune, estime la Fnab d’après une étude conduite dans les Vosges.
Au-delà des aides, la filière biologique pêche par son manque d’organisation. Un tiers du lait biologique a dû être vendu l’an dernier comme du lait « normal », soit « déclassé », entraînant de lourdes pertes pour le producteur, alors que du lait bio est encore importé.
Le gouvernement a annoncé en février un plan de relance qui prévoit de mieux structurer la production, en créant dans chaque interprofession (céréales, lait…) une section biologique.
Le plan prévoit aussi des actions de communication pour relancer la consommation. Après le boom qui a suivi la crise de la vache folle (1996), l’appétit des consommateurs pour les produits « bio » s’est en effet ralenti.
Les supermarchés, qui s’étaient rués sur le « bio » pour rassurer le consommateur, n’ont pas toujours poursuivi l’effort. « Le producteur bio subit la versatilité des distributeurs », constate Vanessa Persillet, de l’unité de recherche « bio » de l’Institut national de la recherche agronomique.
Le plan du gouvernement promet de développer les partenariats avec la distribution. Interpellé jeudi sur sa mise en oeuvre rapide, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, en visite au salon de l’Agriculture, a lancé « message reçu », avant de repartir au pas de course.
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Source : AFP