À chaque année, la compaction vous coûte des milliers de dollars. Heureusement, il y a des moyens peu coûteux d’atténuer ce fléau sans dépenser un sou. Voici ce que nous propose Nicolas Dubuc, ingénieur junior diplômé de l’Université McGill.
D’abord, sachez que la compaction provoquée par le passage de la machinerie au champ a un impact direct et considérable sur les rendements. Si vous en doutez, rappelez-vous ceci : l’amélioration génétique des hybrides ces dernières années devrait se traduire par des augmentations de rendement de 25 %.
«En sachant que la compaction peut réduire les rendements de 25 %, imaginez tout l’argent qui se retrouverait dans vos poches si vous profitiez à 100 % du potentiel de cette nouvelle génétique!», dit Nicolas Dubuc.
La compaction du sol peut aussi être responsable d’un taux d’humidité plus élevé à la récolte, ajoute-t-il. De plus, le travail du sol mené pour atténuer la compaction coûte cher en diesel et en usure de la machinerie.
Lors d’une journée Grandes cultures à Saint-Rémi en décembre dernier, Nicolas Dubuc a suggéré plusieurs moyens peu coûteux pour faire une « gestion raisonnée de la compaction ».
Tout d’abord, il y aurait lieu de « ne pas stresser » quand arrive le temps des semis et de la récolte et que les champs sont trop mouillés pour y entrer sans les endommager. « Cet automne, des gens ont fait des rouillères dans leurs champs de soya. D’autres ont attendu deux semaines de plus et ont récolté dans de super belles conditions », a raconté Nicolas Dubuc.
Pression des pneus
Les mentalités sont aussi à changer en ce qui a trait à la gestion de la pression des pneus. Armez-vous d’un manomètre et procurez-vous les publications du manufacturier de vos pneus, afin de connaître leur pression minimale, en fonction de la vitesse d’avancement.
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La pression des pneus est responsable de la compaction de surface. Règle générale, on recommande de ne jamais dépasser 14 ou 15 lbs de pression au sol. Pour connaître quelle pression au sol exerce votre pneu, ajoutez deux livres à la pression que vous mesurez sur ce pneu.
En utilisant la « pression minimale requise », la surface de contact d’un pneu peut facilement augmenter de 20 %. La pression au sol est diminuée et la traction s’en trouve augmentée, ce qui réduit le glissement et la consommation de carburant.
« Plus on diminue la pression d’un pneu, plus il se déforme et fait des « ballounes » sur les côtés. Tant que vous n’êtes pas capable de déposer une canette de bière sur le bord sans qu’elle tombe, ça devrait être correct. Le pneu est fait pour ça », a expliqué Nicolas Dubuc. On parle de pneus radiaux, bien sûr.
Compaction en profondeur
La charge par essieu est la grande responsable de la compaction en profondeur. Peu de producteurs arrivent à respecter la charge maximale recommandée de six tonnes par essieu.
Pour mieux connaître vos charges par essieux, présentez-vous à une balance publique avec une remorque à grain remplie. Pesez l’essieu avant, puis l’ensemble du tracteur et ensuite la remorque. Cela vous permettra de savoir exactement quelle charge est supportée par chaque essieu.
Dans la plupart des cas, seul l’essieu avant du tracteur sera en dessous des six tonnes à l’essieu. Si vous avez déjà réduit la pression des pneus au minimum, il vous reste à gérer intelligemment votre circulation au champ, ou à envisager l’installation de chenilles.
Les chenilles sont un excellent moyen de répartir la charge, puisqu’on se trouve à ajouter des essieux. Sur une batteuse qui porte presque 20 tonnes sur son essieu avant, cela peut faire une grande différence.
Cependant, on ne peut pas tout simplement diviser la charge entre tous les essieux d’un ensemble de chenilles et s’imaginer qu’on obtient ainsi un poids par essieu parfaitement réparti, affirme Nicolas Dubuc. Certains essieux de chenilles sont trop rapprochés et comptent alors pour un seul. De plus, la pression au sol n’est pas répartie également entre tous les essieux d’une chenille, ajoute-t-il.
Les chenilles demeurent une solution coûteuse. Au registre des solutions gratuites, il reste la gestion intelligente de la circulation au champ. Est-il possible de réduire le nombre de kilomètres parcourus avec le grain cart? Celui qui épand le lisier a-t-il un épandeur bien chaussé? Circule-t-il en diagonale sans souci pour les dommages à votre champ?
Denier conseil de Nicolas Dubuc : ne faites aucun compris sur la qualité des pneus lors de l’achat d’un tracteur. « Il faut prioriser le diamètre du pneu plutôt que la largeur, afin d’augmenter la surface de contact sans nécessairement augmenter la largeur compactée. »
Nicolas Dubuc sera l’un des membres du panel lors d’une discussion sur la gestion controlée de la compaction (Controlled Traffic Farming) à la Conférence du Bulletin des agriculteurs au Salon de l’agriculture, le 12 janvier prochain.