Dans le cadre du projet sur l’état de santé des sols agricoles au Québec, mené par l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA), on a évalué la compaction profonde dans différents types de sol. Pour ce faire, on a comparé la densité apparente (aussi appelée masse volume apparente) du sol en zone cultivée à celle d’un témoin situé dans une zone non pertubée comme une friche.
On a constaté que par rapport aux témoins, les sols sableux ont une densité apparente plus élevée, donc qu’ils sont compactés en profondeur. Alors que dans les loams et plus encore dans les argiles, l’équipe de recherche n’a pas observé un aussi grand écart de la densité apparente. On pourrait donc conclure de ce constat qu’il y a un problème de compaction profonde plus prononcé dans les sables que dans les autres types de sols.
Sauf que ce n’est pas le cas. Voici pourquoi. « Tout dépend comment on définit la compaction, explique le chercheur en charge du projet, Marc-Olivier Gasser. Si on regarde la porosité totale, qui s’évalue par la densité apparente, on n’a pas constaté de problème dans les argiles. Mais il y a deux types de porosité : la macroporosité et la microporosité. Or, on a observé que les argiles et les loams et dans une moindre mesure les tills ont tendance à présenter une macroporosité inférieure à 10 % en profondeur, qui se traduit par une réduction de l’aération et de la conductivité hydraulique. »
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Concrètement, une réduction de l’aération et de la circulation d’eau en profondeur risque d’affecter le développement racinaire. « Les racines auront tendance à se développer en surface plutôt qu’en profondeur », décrit-il, ajoutant que le manque de macroporosité dans les sols de texture lourde ou moyenne a surtout été observée dans les secteurs où l’on produit beaucoup de grains comme la Montérégie et le Centre-du-Québec.
Le chercheur de l’IRDA se dit de plus en plus convaincu que ce sont les propriétés dynamiques du sol, comme la circulation de l’air et de l’eau, qui reflètent le mieux les conditions de développement racinaire en profondeur. « Le problème, c’est que ces propriétés sont difficiles et coûteuses à mesurer, alors qu’il est relativement plus facile d’évaluer la densité apparente ou la résistance à la pénétration d’un cône », dit-il.
« Il est important que les gens sur le terrain comprennent bien ces nuances, conclut-il. Une réduction de la macroporosité dans les sols plus lourds peut avoir des conséquences importantes sur la productivité d’un sol. L’examen d’un profil de sol peut cependant révéler la présence d’une couche compacte et son effet sur le développement racinaire des cultures. »