La fusariose de l’épi du blé cause bien des maux de tête aux producteurs, qui souhaitent avoir moins recours à des produits de phytoprotection chimiques. Une solution est en route : un biopesticide qui s’attaque directement au Fusarium graminearum.
Pour contrer un champignon, rien de mieux qu’un autre champignon! Le biofongicide proposé est la souche ACM 941 du Clonostachys rosea qu’a découvert le chercheur d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), Allen Xue, dans des feuilles de pois de grandes cultures au Manitoba.
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Ce champignon mycoparasite procure une protection contre plusieurs pathogènes, dont le Fusarium graminearum. Il provoque chez les champignons pathogènes une série de changements physiologiques et inhibe notamment leur croissance, en s’enroulant sur leurs hyphes et en y pénétrant.
La souche ACM 941 empêche également la formation de périthèces chez le Gibberella zeae, forme sexuée du F. graminearum apparaissant sur les résidus de blé, de maïs et de soya; l’ACM 941 aide ainsi à réduire la charge d’inoculum pour l’année suivante.
Les essais menés à ce jour ont démontré que l’ACM 941 réduit significativement le taux de fusariose. Lorsqu’utilisé selon la concentration maximale, il serait aussi efficace que le fongicide chimique commercial Folicur.
L’application en alternance d’ACM 941 et de Folicur s’est avérée significativement plus efficace que deux applications d’ACM 941 seulement, et aussi efficace que les deux applications de Folicur constituant la norme de l’industrie, et elle réduit significativement la teneur du grain en DON.
Les résultats de ces divers essais montrent que l’ACM 941 pourrait jouer un rôle important au sein d’une stratégie de lutte intégrant plusieurs approches, dont l’emploi de cultivars résistants, un cycle de rotation des cultures réduisant l’accumulation d’inoculum et l’application ciblée de fongicides chimiques.
L’application en alternance d’ACM 941 et de Folicur permet de réduire de 50 % la quantité de pesticide chimique rejetée dans l’environnement et pourrait atténuer le risque d’apparition d’une résistance au Folicur chez le pathogène. De plus, l’ACM 941 est prometteur comme fongicide utilisable en agriculture biologique, car il sera probablement jugé acceptable pour les systèmes de production biologique.
Actuellement, plusieurs entreprises sont en train d’évaluer la technologie et les moyens de la commercialiser. Au cours de 2013, elles pourront présenter à AAC des propositions de partenariat commercial. La demande d’homologation suivra.