Des herbicides en quantité limitée

Publié: 25 juin 2022

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Des herbicides en quantité limitée

BASF a indiqué que l’herbicide Liberty pourrait devenir plus difficile à se procurer dans les prochaines semaines au Canada en raison de la rareté dans certains produits entrant dans la composition de l’herbicide. L’usine située en Saskatchewan fait face à des problèmes d’approvisionnement qui limitent la production. Les provinces de l’Ouest seront particulièrement touchée puisque le Liberty est le principal herbicide dans les cultures de canola, les semences vendues étant traitées pour résister au Liberty. Les solutions de rechange s’avèrent également plus compliquées en raison de cette spécificité.

Au Québec, les producteurs de canola risquent de connaitre la même situation. Bien que la culture demeure beaucoup plus limitée dans la province avec près de 11 000 hectares, environ 90% du cultivar utilisé est celui résistant au Liberty, estime Benoit Pharand, président de Réseau végétal Québec. La situation était toutefois connue, estime le dirigeant. « Avant janvier, on avait déjà eu des avertissements concernant l’approvisionnement et les représentants ont informés leurs clients. Des ententes ont été conclues avec les fournisseurs pour avoir les quantités nécessaires ». Les difficultés dans la fabrication étaient déjà présentes à l’été 2021 mais au lieu de se régler, elles se sont poursuivies jusqu’à maintenant, explique M.Pharand.

Les producteurs de canola pourraient toutefois ne pas être les seuls à être touchés. Le nouveau cultivar de soya Enlist, en vente depuis deux ans, utilise également ce nouveau trait technologique de résistance à l’herbicide Liberty. Les quantités vendues ne sont pas connues par RVQ mais M.Pharand estime que les champs semés doivent être limités au Québec en raison de sa nouveauté. Le prix des nouveaux cultivar est en effet plus élevé que ceux déjà présents sur le marché et puisque les informations quant au rendement demeurent à être vérifiées sur le terrain, leur utilisation est habituellement plus restreinte, explique le dirigeant de RVQ.

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La disponibilité des intrants demeure une question épineuse cette année qui est exceptionnelle à plusieurs niveaux, selon M.Pharand. La fabrication des composantes, tel que le phosphate jaune, a été limité en  2021 dans les deux usines chinoises responsable de 45% de la production mondiale.

En plus du Liberty, le glyphosate fait également face à un approvisionnement limité, quoique dans des proportions beaucoup moins graves. RVQ estime les inventaires à 80-85% de leurs niveaux habituels, pour des raisons similaires à celui du Liberty. Bayer a fait face à des problèmes de fabrication en début d’année justement en raison d’une rupture dans les ingrédients utilisés dans la composition de l’herbicide.

La bonne nouvelle est qu’il plus facile de trouver des solutions de rechange lorsqu’il est question de produits chimiques, en comparaison avec les engrais par exemple, illustre M.Pharand. « Dans ce qu’on appelle les copack, les ingrédients utilisés pour la fabrication, un peu comme les ingrédients pour faire un gâteau, il est possible de prendre une autre molécule et la combiner aux autres pour obtenir un résultat semblable. Des plans B sont donc possibles, mais vont être un peu plus chers. »

Le message de Benoit Pharand reste toutefois le même que celui lancé quant à l’approvisionnement des engrais : vaut mieux sécuriser à l’avance ses commandes auprès de ses fournisseurs pour s’assurer d’avoir les quantités nécessaires sous la main le moment voulu. En raison des hausses fulgurantes dans les prix, les pressions sur les liquidités sont importantes à travers toute la chaine. Plus de commandes sont assurées, plus il est facile pour les fournisseurs d’anticiper les besoins et planifier les achats dans les divers intrants. Le mieux est encore de discuter avec ses fournisseurs, poser des questions et anticiper les besoins et planifier davantage dans ces temps extraordinaires.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Normandin

Céline Normandin

Journaliste

Céline Normandin est journaliste spécialisée en agriculture et économie. Elle collabore également au Bulletin des agriculteurs.