Le groupe de huit actionnaires des Fermes Hotte et Van Winden fait désormais partie de l’histoire agricole du Québec. C’est visiblement fiers qu’ils sont montés sur la scène le 2 novembre dernier lors du dévoilement des gagnants 2023 du concours de l’Ordre national du mérite agricole (ONMA). Le groupe a reçu la plus haute distinction, celle de commandeur de l’ONMA 2023. « C’est spécial à vivre. Cela fait 43 ans que je suis impliqué dans le monde agricole et maintenant, c’est l’aboutissement d’une carrière, la consécration ultime », a déclaré Jean-Bernard Van Winden, essuyant des larmes de joie au passage.
Située à Napierville, l’entreprise a été fondée en 1979 par deux amis d’enfance, Yvan Hotte et Jean-Bernard Van Winden. À eux, ce sont ajoutés au fil des ans leurs conjointes respectives, Nicole Guérin Hotte et Lucille Van Winden. Depuis 2002, la deuxième génération a pris sa place, composée de quatre de leurs enfants.
Aujourd’hui, la ferme cultive près de 242 hectares et se spécialise dans la laitue romaine et pommée, l’oignon, le poireau, la carotte et le chou chinois et le bok choy.
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Jean-Bernard Van Winden n’hésite pas à dire que ce qui caractérise le mieux l’entreprise est sa passion de l’horticulture et de la terre noire, mais aussi la capacité de ses membres de travailler en équipe. « Nous sommes nombreux au sein de l’entreprise. Les relations sont très bonnes, car chacun a ses propres dossiers », raconte-t-il. Le fait que l’entreprise effectue aussi une mise en marché collective pour 90 % de ses produits, n’est pas non plus étrangère à son succès. « C’est plus facile d’entrer dans une chaîne avec la force d’un groupe parce qu’on peut garantir l’approvisionnement et les prix. La compétition, ce n’est pas entre nous, mais celle qui vient des États-Unis. »
Le Bulletin des agriculteurs a soumis Jean-Bernard Van Winden au questionnaire réservé aux gagnants du concours. Voici ce qu’il a répondu.
À quoi attribuez-vous le succès de votre entreprise??
Au fait d’être toujours actif au niveau de l’innovation. Nous avons été les premiers à utiliser un robot sarcleur. Dernièrement, nous avons fait l’achat d’un arroseur de précision. On limite les pesticides et les herbicides et on épand dans 15 % du champ au lieu de 100 %. Nous avons été aussi parmi les entreprises qui ont mis en place le consortium PRISME, un centre de services et d’expertise s’adressant à l’ensemble des productions de fruits et légumes du Québec. Nous sommes actifs dans six à sept projets de recherche par an.
Quelle est la plus grande qualité d’un bon gestionnaire agricole??
Il faut avoir un contrôle de ses coûts. Une année comme on vient de passer où nos pertes sont de 50 % est difficile, mais on arrive à surmonter l’épreuve parce que nous avons une gestion financière serrée. On n’a jamais fait affaire avec un banquier et on s’assure de rentabiliser nos investissements en deux ou trois ans. Il faut aussi une vision d’avenir. Être en mesure de déterminer quels seront les développements des marchés.
Dans votre entreprise, de quelle réalisation êtes-vous le plus fier??
Je dirais que ce qui nous rend le plus fiers est d’avoir réussi à transmettre aux jeunes notre passion, celle de nourrir le monde. La ferme ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans eux. La médaille d’or c’est grâce à eux et à leur sens de l’innovation.
Si vous aviez encore une réalisation à accomplir, quelle serait-elle??
Ce que j’espère c’est que les petits-enfants soient aussi intéressés à prendre la relève. Voir une troisième génération prendre le flambeau serait une belle fierté. En ce moment, on ne pense pas à la retraite, il y a encore beaucoup à faire. On souhaite arroser avec des drones parce que cette année, on ne pouvait même pas entrer dans le champ. Cependant, la loi l’interdit. Il nous reste à convaincre le gouvernement de changer cette législation. Il faut aussi les convaincre de se pencher sur les défis d’érosion des terres noires.
