Rennes (France), 3 novembre 2004 – Le géant américain de l’agrochimie Monsanto doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Lyon pour « publicité mensongère » sur un désherbant présenté, à tort selon les plaignants, comme « écologique ».
Le groupe est poursuivi par l’influente association environnementale Eaux et Rivières de Bretagne et par l’association UFC-Que-choisir-35 qui ont tenu une conférence de presse mercredi à Rennes pour expliquer leurs motivations. L’affaire doit être examinée jeudi à partir de 14 h par les juges lyonnais.
Les deux associations mettent en cause une campagne publicitaire « massive » qui a permis à Monsanto de doubler entre 1997 et 2002 les ventes en France du Round-up, un produit mis sur le marché en 1975.
Ce désherbant contient une matière active, le glyphosate, qui est classée « dangereuse pour l’environnement » et « toxique pour les organismes aquatiques » à Bruxelles, selon les associations.
Monsanto détient en France 60% du marché du glyphosate, soit 3200 tonnes de Round-up écoulées chaque année sur 5.400 tonnes de ce type de désherbant annuellement vendues dans le pays, selon les chiffres fournis par les plaignants.
« Round-up qui se décline en 44 formules différentes est le désherbant le plus vendu dans le monde et en France, utilisé dans le monde agricole et non-agricole », a expliqué Gilles Huet, délégué général d’Eaux et Rivières de Bretagne.
Monsanto doit s’expliquer sur sa campagne de publicité d’un coût de 3 millions d’euros par an et reposant sur deux affirmations mensongères à savoir que le Round-up est « biodégradable » et qu’il « respecte l’environnement », a-t-il précisé.
« Pendant la campagne de publicité, qui s’est poursuivi jusqu’en 2003 et qui se poursuit encore sur certains sites internet, on avait obtenu les résultats d’études qui montraient la présence massive de glyphosate dans le Round-up. Or le glyphosate est classé depuis 2001 dangereux pour l’environnement » et « toxique pour les organismes aquatiques », indique Gilles Huet.
Sur la base de ces résultats, les associations ont alerté le ministère de l’Environnement et le secrétariat d’Etat au Commerce et une enquête, confiée à la Direction générale de la répression des fraudes, a abouti le 17 juillet 2002 à un PV de délit pour infraction au code de la consommation, selon Eaux et Rivières.
Les résultats ont été transmis au Procureur de la République de Lyon, où se trouve le siège de la société, qui a décidé de citer le PDG de Monsanto devant le tribunal correctionnel.
« Nous allons démontrer que l’allégation de biodégradable est mensongère au moins par omission car elle signifie, pour le grand public, que la molécule disparaît sans laisser de trace », affirme l’avocat des parties civiles, Me Dominique Cartron.
Gilles Huet rappelle que « toutes les études qui ont servi à l’homologation de glyphosate en Europe et aux USA sont préalables à 2000 », qu’elles ont « toutes détecté des temps de dégradation extrêmement variables, un risque de transfert vers les eaux et des impacts possibles sur l’environnement ».
Le groupe avait déjà fait l’objet d’une plainte en 1996 par le Procureur de la République de New-York qui l’avait conduit à retirer de ses publicités les mentions de biodégradabilité et de respect de l’environnement.
À lire aussi

Le monde agricole déçu des engagements du gouvernement Legault
Les promesses agroenvironnementales et la tarification carbone ne sont pas à la hauteur des attentes de l’UPA et des Producteurs de grains du Québec. Entrevue.
Source : AFP
Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :
Monsanto
http://www.monsanto.com/