Influenza aviaire : une crise longue et coûteuse

Publié: 26 mai 2006

Rome (Italie), 19 mai 2006 – La crise de la grippe aviaire n’est pas seulement un problème immédiat et à court terme, il est probable qu’elle durera plusieurs années, selon M. Joseph Domenech, Vétérinaire en chef de la FAO.

La perspective d’une pandémie humaine mise à part, les dommages de la maladie sur les populations d’oiseaux, et les élevages de volailles en particulier, sont énormes, prévient-il. La réaction en chaîne sur la filière avicole peut porter un rude coup aux économies locales, nationales et régionales.

Au niveau local, les familles de petits exploitants dépendant des poulets et des autres volailles pour leur propre nourriture ou comme moyen d’existence risquent de perdre leurs animaux, décimés par la maladie ou abattus pour en prévenir la diffusion.

Dans de nombreux pays, la peur d’une infection pousse les consommateurs à se détourner des volailles, plongeant une industrie autrefois prospère dans la crise.

Eradiquer le mal à sa source
La FAO se préoccupe du fait que l’intérêt international se focalise presque exclusivement sur l’éventualité d’une pandémie frappant les populations humaines, ce qui fait passer au second plan l’impact potentiellement dévastateur du virus de l’influenza aviaire sur les volailles et les autres animaux.

Cela, indique M. Domenech, empêche de reconnaître que le meilleur moyen de protéger les personnes est de lutter contre la maladie et d’essayer de l’éradiquer chez les animaux.

La FAO souligne que le combat international contre la grippe aviaire doit commencer par une surveillance et un contrôle accrus des volailles et des autres animaux, suivis par un rapport rapide aux autorités compétentes en cas d’apparition de foyers de la maladie et l’application de mesures strictes pour en limiter la propagation: abattage et destruction des animaux malades et contrôle des mouvements des animaux et des produits.

Il est aussi impératif pour les paysans, les commerçants, et tous ceux qui sont en contact étroit avec les volailles, d’être particulièrement attentifs au respect des règles d’hygiène de base et au renforcement de la biosécurité des élevages.

Les déplacements de volailles en direction ou en provenance des marchés et des personnes impliquées dans la production et la commercialisation sont les principaux vecteurs de propagation de la maladie dans les zones qui n’avaient pas été infectées auparavant.

308 millions de dollars
Du fait de la rapide propagation de la maladie, la FAO a besoin actuellement de 308 millions de dollars pour financer ses activités dans le cadre du programme mondial pour le contrôle graduel de l’influenza aviaire au cours des trois prochaines années – soit plus de deux fois la somme nécessaire il y a quelques mois. A ce jour, la FAO n’a reçu que 71 millions de dollars.

Sur ce total, l’Organisation a dépensé plus de 20 millions de dollars pour fournir des biens et des services dans 87 pays: presque 10 millions de dollars pour les laboratoires, les services vétérinaires et les équipements; plus de 6 millions de dollars en ressources humaines, y compris des vétérinaires et autres experts; près de 1,5 million de dollars pour la formation dans les laboratoires et les activités liées à la vie sauvage et à l’épidémiologie; plus de 500 000 dollars pour la référence diagnostique et la formation, et pour les études épidémiologiques sur le terrain; et, enfin, 2 millions de dollars en dépenses d’exploitation générales.

La FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) organisent une conférence scientifique internationale sur la grippe aviaire et les oiseaux sauvages les 30 et 31 mai 2006 au siège de la FAO, à Rome, pour tenter de mieux comprendre le rôle des oiseaux sauvages dans la transmission du virus de la grippe aviaire.

En sa qualité d’agence des Nations Unies chef de file de la lutte contre l’influenza aviaire chez les animaux, la FAO participera à une conférence de haut niveau sur la grippe aviare qui aura lieu les 6 et 7 juin 2006 à Vienne.

Cette réunion, convoquée par la présidence de l’UE, le gouvernement des Etats-Unis, la Banque mondiale et le gouvernement chinois, rassemblera des bailleurs de fonds, des ministres de l’agriculture et de la santé, d’autres responsables gouvernementaux des pays affectés, des vétérinaires internationaux et des experts en santé publique.

Le but de la conférence de Vienne est d’assurer le suivi en ce qui concerne les promesses et les engagements des bailleurs de fonds lors de la conférence de Beijing en janvier dernier. On se souvient qu’ils avaient offert leur soutien à l’action internationale visant à contrer l’influenza aviaire.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
http://www.fao.org

Organisation internationale de la santé animale (OIE)
http://www.oie.int/

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