Les experts sont très préoccupés par l’influenza aviaire

L'année 2024 a démontré beaucoup de surprises du côté de l'influenza aviaire hautement pathogène

Publié: 7 février 2025

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Un épisode d'influenza aviaire faiblement pathogène a affecté quatre fermes en novembre 2024.

Alors que le Canada vit sa sixième vague, la situation de l’influenza aviaire au pays et aux États-Unis préoccupe énormément l’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA) et l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA).

L’EQCMA tenait son assemblée générale annuelle à Drummondville le 6 février 2025. Les projets entourant le contrôle de l’influenza aviaire ont mobilisé les activités de l’EQCMA durant la dernière année et continueront de l’être en 2025. « Pour une troisième année consécutive, l’influenza aviaire sera au cœur de nos activités », a dit d’entrée de jeu le président de l’EQCMA, Paulin Bouchard.

Grâce à une subvention de 800 000$ du MAPAQ, l’EQCMA a mis en place différents projets. Le plus important concerne la conception, la fabrication et l’acquisition d’une unité mobile de génération de mousse à l’azote permettant de faciliter l’euthanasie des oiseaux à la ferme en cas d’éclosion. Le directeur général de l’EQCMA, Martin Pelletier, a expliqué que des tests auront lieu ce printemps.

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Beaucoup de surprises en 2024

L’année 2024 a été tranquille au Québec en termes de nombre de cas. L’année 2025 débute cependant avec un cas d’influenza aviaire dans un élevage de dindons le 30 janvier dans Lanaudière.

En fait, il s’agit d’une des nombreuses surprises que l’ACIA a constaté durant la dernière année. L’ACIA a notamment remarqué la présence d’influenza aviaire hautement pathogène chez les oiseaux sauvages. « C’est rare chez les oiseaux sauvages », a dit la médecin vétérinaire Manon Racicot de l’ACIA. Chez les oiseaux domestiques, la Colombie-Britannique a été sur-représentée en nombre de cas au Canada en 2024.

Ce qui est nouveau aussi, c’est l’arrivée d’une nouvelle souche, le génotype D1.1, qui représente 86% des fermes de la vague 6. Ce qui intrigue l’ACIA, c’est qu’il ne se comporte pas de la même manière que les virus précédents : il migre d’ouest en est. « Le virus commence à nous faire des surprises », dit Manon Racicot.

L’ACIA remarque aussi un nombre croissant de réinfections chez des fermes qui avaient déjà subi un épisode : 57 au Canada, dont 12 infectées trois fois et plus. Aux États-Unis, c’est 67 fermes réinfectées, dont 19 pour une troisième fois ou plus. En fait, nos voisins du Sud ont décidé de resserrer la vis chez les fermes qui ont été infectées plusieurs fois, allant jusqu’à ne plus indemniser les fermes.

Le Québec a vécu une vague de quatre fermes infectées par l’influenza aviaire faiblement pathogène en nombre en 2024. L’ACIA étudie encore la cause des infections et les liens entre les fermes.

Premier vaccin

Un premier vaccin contre l’influenza aviaire hautement pathogène a été approuvé au Canada en septembre 2024. Il ne faut toutefois pas s’attendre à que ce vaccin soit utilisé largement au pays. Des risques de fermeture de frontières à l’exportation sont toujours possibles. C’est pourquoi son utilisation sera faite selon des analyses coûts-bénéfices. Manon Racicot explique que pour l’instant, seules les fermes de la Vallée du Fraser, en Colombie-Britannique, qui ont été fortement touchées durant la dernière année, pourraient être vaccinées. Et les poulets à griller ne sont pas visés en raison de la courte durée d’élevage.

Chez les bovins laitiers

Depuis le 25 mars 2024, les États-Unis sont aux prises avec une épidémie d’influenza aviaire chez les bovins laitiers. Au 31 janvier 2025, 957 troupeaux de vaches laitières étaient infectées dans 16 États. La cause suspectée est une introduction unique suivie par de la contamination entre vaches par le lait lors de la traite. Toutefois, la détection du génotype D1.1, plutôt que le B3.13 pour les autres cas, intrigue les experts. D’autres mammifères ont testé positifs, comme des chèvres, des alpagas et des porcs.

Au Canada, l’influenza aviaire chez les bovins laitiers fait l’objet d’un suivi dans le lait des réservoirs et sur les tablettes des épiceries. Jusqu’à ce jour, aucun cas n’a été détecté.

Le cas d’une adolescente canadienne malade et testant positif au virus de l’influenza aviaire hautement pathogène à l’automne dernier a été une première au pays. On ne craint plus pour sa vie, mais cela s’ajoute aux plus de 900 cas humains détectés dans 24 pays depuis novembre 2003. Les États-Unis ont confirmé 57 cas chez les humains, dont un mort.

Selon Manon Racicot, la plus grande crainte chez les cas humains, ce serait un réassortiment entre un virus de l’influenza aviaire et celui de la grippe humaine, ce qui créerait un virus hybride qui pourrait se propager rapidement chez la population humaine.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.