L’influenza aviaire chez les bovins laitiers ne disparaîtra pas

Les producteurs laitiers canadiens doivent se préparer à une épidémie

Publié: 20 mai 2025

Vache couchée sur sable

Les producteurs laitiers canadiens ne devraient pas prendre à la légère le risque de transmission d’influenza aviaire dans leurs troupeaux, selon un chercheur canadien.

Avec des cas d’influenza aviaire dans les troupeaux laitiers à travers les États-Unis, Frank van der Meer exhorte les producteurs laitiers à débuter la préparation de leurs fermes en cas d’épidémie de ce virus hautement imprévisible.

L’influenza aviaire hautement pathogène a infecté des vaches laitières dans 17 États américains depuis 2024.

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« Je pense qu’il est bon que tout le monde comprenne que cette situation ne va pas disparaître », a expliqué Frank van der Meer, professeur de santé mondiale et de maladies infectieuses à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Calgary, lors du Séminaire laitier de l’Ouest canadien plus tôt ce printemps.

« Il existe des souches d’influenza qui semblent persister chez les oiseaux sauvages et dans l’industrie avicole, et je pense qu’il est bon pour les producteurs laitiers de supposer que ce sera un risque permanent », a-t-il ajouté.

Sur son site web, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) affirme que l’influenza aviaire hautement pathogène n’a pas encore été détectée chez les bovins laitiers ou de boucherie au Canada.

Au 20 mai 2025, le Département américain de l’agriculture (USDA) répertorie 1 065 cas d’influenza aviaires dans des fermes laitières, dans 17 États américains.

Le virus peut circuler au sein d’un troupeau pendant plusieurs semaines avant que les premiers signes cliniques de l’infection n’apparaissent, et seulement 20 à 40 % des animaux infectés présenteront des signes cliniques.

« Il est également apparu récemment que les grandes exploitations agricoles, dont les sources d’approvisionnement en animaux sont multiples, peuvent être infectées pendant une longue période », a expliqué Frank van der Meer. « Dans ces cas, nous observons des infections à long terme, difficiles à contrôler. »

Les vaches malades voient leur production laitière diminuer considérablement, voire s’arrêter complètement. Le lait produit peut alors avoir un aspect épais, jaune et caillé.

D’autres signes incluent une diminution de la consommation d’aliments, une diarrhée ou des selles collantes, une déshydratation, un écoulement nasal, de la fièvre et une dépression.

Si l’influenza aviaire entraîne un risque élevé de mortalité chez de nombreuses espèces, ce n’est généralement pas le cas pour les bovins et les humains. Cependant, les vaches qui survivent peuvent néanmoins souffrir de graves conséquences, telles que des lésions du pis et une baisse de production laitière, nécessitant leur remplacement.

Les humains infectés par le virus par contact avec du bétail infecté développent généralement une conjonctivite, bien que des symptômes pseudo-grippaux graves aient également été signalés.

Actuellement, le virus ne se transmet pas facilement entre humains, mais si les travailleurs agricoles choisissent de ne pas porter d’équipement de protection individuel pour prévenir sa propagation, les risques pourraient s’accroître. Frank van der Meer avertit que « cela permettra au virus de s’adapter davantage à l’homme et pourrait, dans les deux prochaines années, donner naissance à un virus transmissible entre humains plus efficacement ».

Commencez votre préparation maintenant

Se préparer à une épidémie d’influenza aviaire dans un troupeau laitier canadien est plus facile à dire qu’à faire, explique Frank van der Meer.

« C’est une situation très difficile, bien sûr, à laquelle vous pourriez être confronté, mais cela ne signifie pas qu’elle doit devenir incontrôlable », a-t-il dit.

« Les producteurs laitiers, dans leur ensemble, devraient songer à mettre en place de bons diagnostics afin que nous puissions collaborer efficacement avec l’ACIA, les centres de diagnostic et les vétérinaires qui peuvent effectuer une grande partie de la surveillance. »

Il encourage les éleveurs à anticiper toute la logistique afin d’être prêts en cas d’épidémie. Cela comprend l’élaboration d’un plan pour contenir l’épidémie et éviter que d’autres animaux de leur troupeau ne soient infectés.

D’autres aspects logistiques à prendre en compte incluent ce qu’il faut faire du lait refusé par votre transformateur, les plans d’élimination des animaux qui meurent ou doivent être euthanasiés, et des efforts de biosécurité supplémentaires autour des visites vétérinaires et des livraisons d’aliments pour garantir que le virus ne se propage pas au-delà de votre ferme.

Frank van der Meer recommande également aux producteurs de procéder à une évaluation des risques de leur exploitation afin d’identifier les faiblesses en matière de biosécurité qui peuvent être atténuées pour aider à prévenir la propagation du virus.

« Par exemple, si vous amenez beaucoup d’animaux de l’extérieur — en particulier des États-Unis, mais aussi d’autres régions du Canada —, cela représente évidemment un risque important d’introduire toutes sortes d’agents pathogènes, y compris l’influenza », a-t-il dit.

« Il ne s’agit pas de changer immédiatement la stratégie de votre exploitation, mais dès que vous savez qu’il y a des épidémies dans le voisinage… pouvons-nous réellement modifier à court terme les activités qui présentent un risque pour l’exploitation ? »

Une collaboration sera nécessaire dans toute l’industrie laitière canadienne si le virus se propage vers le nord, et de nombreux éléments devront être pris en compte pour minimiser les dommages, selon le chercheur.

« Nous devons discuter avec les agriculteurs de la manière dont nous pouvons garantir que la situation ne devienne pas incontrôlable, que la situation reste bonne et contrôlable et que nous en sachions suffisamment sur cette maladie particulière pour garantir que les agriculteurs ne subissent pas de lourdes conséquences financières dans un avenir proche. »

Dans sa documentation à l’intention des vétérinaires en pratique privée, l’ACIA rappelle que l’influenza aviaire hautement pathogène est une maladie à déclaration obligatoire. Tout cas suspect doit être déclaré à son bureau local de l’ACIA.

Article de Piper Whelan, publié dans Farmtario, traduit et adapté par Marie-Josée Parent.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.