Attention à l’influenza aviaire chez les bovins!

Les producteurs laitiers et les vétérinaires sont appelés à faire la surveillance

Publié: 10 mai 2024

Attention à l’influenza aviaire chez les bovins!

Même si l’influenza aviaire chez les bovins, une maladie en émergence aux États-Unis, est absente au Canada, ça ne veut pas dire qu’elle ne peut pas survenir chez nous. C’est pourquoi les producteurs laitiers sont invités à collaborer avec leurs médecins vétérinaires pour assurer la surveillance de l’influenza aviaire chez leurs animaux.

Le médecin vétérinaire en chef au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), Luc Bergeron, a présenté un webinaire organisé par les Producteurs de lait du Québec le jeudi 9 mai 2024. Le but de cette formation était d’expliquer ce qui est fait pour éviter que cette maladie n’entre au Canada, comment la détecter et expliquer ce qui arrivera si jamais un cas est rapporté.

L’influenza aviaire hautement pathogène est une maladie virale grave chez la volaille. Elle a été détectée dans 422 élevages de volaille au Canada, dont 54 au Québec depuis avril 2022. C’est une maladie qui doit être déclarée auprès du MAPAQ et de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Chez la volaille, la stratégie est de procéder à l’éradication de la maladie en euthanasiant le troupeau.

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Maladie émergente

Chez les bovins laitiers, l’influenza aviaire est une maladie émergente. En février-mars, une maladie émergente a été détectée chez des bovins laitiers du Texas. Le 25 mars, l’influenza aviaire a été détecté dans un troupeau du Texas. Depuis, 36 élevages laitiers américains ont été déclarés positifs à l’influenza aviaire dans neuf états.

Luc Bergeron explique que la principale voie de transmission de la maladie est par le lait, probablement par des équipements de traite contaminés. C’est ce qui est probablement arrivé aux États-Unis. Selon les analyses effectuées aux États-Unis, les cas survenus proviendraient d’un cas unique. Selon Luc Bergeron, cela serait probablement survenu par un oiseau mort contaminé qui aurait contaminé une source d’eau potable pour les bovins. Les études américaines ont par la suite démontré que le déplacement de bovins de troupeaux infectés a par la suite permis la transmission de la maladie.

Trois raisons justifient qu’on s’intéresse à cette maladie. Premièrement, l’influenza aviaire cause une diminution de la production laitière dans les élevages affectés. Il y a donc un aspect économique pour les troupeaux visés. Deuxièmement, il s’agit d’un nouveau réservoir pour le virus qui cause des pertes importantes dans les élevages de volaille, laitiers et de commerces internationaux. Troisièmement, il existe une crainte que cette souche mute et deviennent une maladie d’importance chez l’humain, ce qui n’est pas le cas actuellement. « On veut éviter le plus possible que ce virus se propage », explique Luc Bergeron.

Surveillance à la ferme

Les producteurs laitiers sont invités à surveiller les trois principaux signes cliniques suivants :
– diminution de la production de lait, dont une diminution importante pour certaines vaches;
– lait de consistance plus épaisse qu’à l’habitude, qui ressemble à du colostrum;
– diminution de la consommation d’aliments avec une baisse simultanée de la motilité ruminale.

La maladie affecte plus sévèrement les vaches laitières plus âgées et de plus de 150 jours en lait. Dans un troupeau, environ 10% démontrent des signes cliniques. Ils sont présents pendant 10 à 14 jours, mais ça peut prendre de 3 à 6 semaines avant que le troupeau revienne à la normal, le temps que les autres vaches s’infectent et guérissent.

Si vous observez ces symptômes, Luc Bergeron explique que vous devez contactez votre médecin vétérinaire qui fera un constat et prendra les analyses qui s’imposent. Il s’agit d’une maladie qui doit être déclarée.

Troupeau positif à l’influenza aviaire

Si le test est positif, le troupeau sera isolé. Aucun animal ne pourra en sortir pour toute la durée de la maladie et pour les 30 jours suivants. Les veaux et les animaux prévus pour la réforme devront rester sur la ferme, ce qui pourrait être la partie la plus difficile pour les éleveurs, selon Luc Bergeron.

Le lait des animaux qui ne sont pas malades pourra être livré pour la consommation humaine puisque la pasteurisation tue le virus. Toutefois, Luc Bergeron ne recommande pas de servir le lait cru aux veaux.

Comment prévenir?

L’ACIA, les provinces, les territoires et l’industrie collaborent dans une stratégie de lutte. Le Québec est en cours de développement et de mise en œuvre d’une stratégie québécoise de prévention, surveillance et contrôle. Le Dr. Bergeron est d’ailleurs très fier de l’avancement des travaux au Québec.

À la ferme, la principale mesure de prévention est de limiter l’introduction de bovins laitiers, particulièrement ceux en provenance de régions où des cas de cette maladie ont été confirmés. Si des animaux doivent être introduits, Luc Bergeron recommande que ces introductions respectent les recommandations habituelles du protocole d’achat.

Depuis le 29 avril 2024, l’ACIA exige que les vaches laitières américaines en lactation aient obtenu un test négatif à l’influenza aviaire dans les 7 jours précédents l’exportation.

Selon Luc Bergeron, la sortie au pâturage n’est pas préoccupante puisque le virus est présent au Québec depuis des années et que la sortie au pâturage n’a jamais été problématique.

Restons positifs face à la menace

Luc Bergeron croît qu’il est possible de faire en sorte que la maladie ne survienne pas au Québec. Il cite l’exemple de la lutte des éleveurs de porcs contre l’entrée de la diarrhée épidémique porcine il y a une dizaine d’années sur le territoire québécois. Le Québec s’en était alors très bien tiré alors que les autres provinces ont eu beaucoup plus de cas.

« Aujourd’hui, le message que je vous lance, c’est : Les Producteurs de lait du Québec, il faut être positif par rapport à ça, dit Luc Bergeron. Il faut lutter. Il faut collaborer avec les différents intervenants du secteur. Et moi, je mets ma confiance 100% entre vos mains les producteurs de lait. Je sais que par le passé les producteurs de lait ont toujours collaboré à ce type d’initiatives-là. Les médecins vétérinaires ont toujours collaboré et moi, je suis tout à fait en confiance. »

Il est possible de voir ou revoir le webinaire en cliquant ce lien.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.