Un nouveau vaccin créé par des chercheurs québécois en collaboration avec une équipe française et de Winnigeg est prometteur pour le contrôle de l’influenza aviaire hautement pathogène de type H5N1.
Ce qui est innovant dans cette recherche, c’est le type de vaccin. Il s’agit d’un vaccin dit « universel » qui peut contrer n’importe quel variant du virus de l’influenza aviaire H5N1. C’est ce qu’explique le chercheur principal, Denis Archambault, professeur titulaire au Département des Sciences Biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Ce virus H5N1 est celui qui préoccupe le plus à travers le monde en ce moment. On le retrouve un peu partout sur la planète, incluant l’Asie, l’Europe et les Amériques, dont le Canada. Il cause jusqu’à 100% de mortalité dans certains élevages.
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Au Québec, au printemps 2022, l’entreprise Canards du Lac Brome a dû euthanasier quelque 150 000 canards. Le virus préoccupe encore le secteur en 2024, en particulier, en période de migration. Des mammifères sont atteints, dont la vache laitière aux États-Unis depuis le printemps dernier.
L’influenza aviaire hautement pathogène est une maladie à déclaration obligatoire qui entraîne automatiquement la destruction des élevages de volaille atteints.
Le vaccin
Denis Archambault explique qu’il existe quelque 200 variants répertoriés du virus H5N1 depuis une vingtaine d’années. Les expériences menées dans l’animalerie du Centre national des maladies exotiques de l’Agence canadienne des aliments (ACIA) à Winnipeg ont été faites avec un système d’infection hétérologue.
Cela veut dire que la souche H5N1 ayant servi à infecter les poulets à l’étude était très loin de celle ayant servi à préparer une partie du matériel vaccinal, notamment une protéine HA (hématogglutinine) située à la surface des virus.
Les chercheurs ont comparé quatre groupes : un groupe témoin, un groupe recevant un vaccin ciblant la tête globulaire de l’hémagglutinine (HA1), un groupe recevant un vaccin basé sur l’ectodomaine conservé de protéine matricielle 2 (M2e) et finalement, un vaccin contenant une combinaison de nanoparticules portant trois répétitions M2e en tandem avec un vaccin sous-unitaire HA1.
C’est uniquement ce dernier test qui a permis de protéger efficacement les poulets contre l’infection, tout en prévenant également l’excrétion du virus.
Suites du projet
Malgré ces résultats, il est loin le moment où les fruits de cette recherche seront utilisés sur le terrain. Deux demandes de brevets ont été déposées et une compagnie devra démontrer de l’intérêt pour poursuivre les recherches jusqu’à la commercialisation.
De plus, le Canada ne permet pas de vacciner contre l’influenza aviaire hautement pathogène, pour des raisons de commerce international. La raison est qu’il est impossible de différencier un anticorps provenant d’une souche vaccinale d’un anticorps de souche sauvage.
Denis Archambault espère obtenir de nouveaux fonds pour poursuivre les recherches. Les fonds de 1,3 million du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) sont maintenant épuisés. Le chercheur souhaite tester le vaccin sur d’autres variants d’influenza aviaire hautement pathogènes H5N1, mais d’autres souches.
La plus grande fierté de Denis Archambault est d’avoir réussi à réunir une équipe de 10 chercheurs canadiens et français, d’avoir obtenu un résultat important et d’avoir été publié dans le prestigieux journal scientifique NPJ Vaccines.
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