Luxembourg (Luxembourg), 23 octobre 2001 – Des troupeaux attaqués par la fièvre aphteuse ou la fièvre porcine ou des virus de maladies contagieuses se propageant au sein de la population: les ministres européens de l’Agriculture ont été mis en garde mardi à Luxembourg sur les dangers du « bio-terrorisme ».
Intervenant devant les représentants des Quinze réunis en conseil, le commissaire européen à la Santé publique, David Byrne, a insisté sur ces menaces terroristes d’un type nouveau qui, « jusqu’à tout récemment, étaient considérées comme irréelles ».
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Se défendant de tout alarmisme, David Byrne a souligné toutefois les « dégâts considérables » que pourrait provoquer l’introduction de virus dans les troupeaux ou dans les systèmes de distribution alimentaire, à la lumière par exemple de ce qui s’est produit ces derniers mois avec l’épizootie de fièvre aphteuse dans plusieurs pays européens, et surtout en Grande-Bretagne.
Selon une source diplomatique, les Quinze ont « pris bonne note » de l’intervention de M. Byrne, sans faire de commentaire particulier.
En fait, a-t-on ajouté de même source, M. Byrne souhaitait avant tout « sensibiliser » les ministres de l’Agriculture et faire passer le message à leurs homologues de la Santé, qui doivent se réunir jeudi prochain.
Des experts européens ont été chargés dès cette semaine, conformément aux décisions du sommet de Gand du 19 octobre, de plancher d’« urgence » sur la question pour prévenir les effets potentiellement inquiétants d’une attaque terroriste contre les troupeaux, qui affecterait naturellement l’ensemble de la chaîne alimentaire, et bien sûr, l’être humain.
Le paradoxe veut, comme l’a souligné David Byrne, que les Européens soient désormais beaucoup mieux armés pour faire face aux menaces du terrorisme biologique contre les troupeaux que contre les êtres humains.
L’expérience acquise dans la lutte contre la fièvre aphteuse et la maladie de la vache folle fait que « nous sommes infiniment mieux équipés face à une menace que nous l’étions il y a cinq ou dix ans », a souligné le commissaire, selon le texte de son intervention transmis à la presse.
« Nos pouvoirs et notre degré de préparation dans l’agriculture sont au niveau de l’Union, à bien des égards, plus complets que dans le domaine de la protection sanitaire », a-t-il ajouté.
David Byrne a pris pour exemple les vaccins contre la fièvre aphteuse, pour lesquels l’Union est en mesure de procéder à une distribution rapide et en nombre suffisant, alors qu’un système analogue n’existe pas pour les maladies contagieuses chez les êtres humains, comme la grippe, le typhus, la malaria, les fièvres virales, etc…
Selon lui, l’UE se doit de créer un mécanisme communautaire ou une Agence –distincte de la future Autorité alimentaire européenne– pour assurer une réaction « souple et rapide » de l’Europe face à des attaques de terrorisme biologique.
M. Byrne a pris pour exemple les centres américains de contrôle et de prévention des maladies, basés à Atlanta (Georgie) où il s’est rendu récemment.
Les Européens, a-t-il souligné, doivent dans un premier temps procéder à l’évaluation de leurs capacités en matière de vaccins et dans quels délais ils seraient disponibles.
Mais au-delà d’une « bonne coordination » européenne face au terrorisme d’ordre biologique, le commissaire a souhaité que cette coopération s’élargisse au restant de la planète et en particulier aux Etats-Unis.
Source : AFP