Le Centre de recherche sur les grains (CEROM) tenait son assemble générale le 12 avril, une bonne occasion de revoir les projets en cours et les orientations du centre de recherche qui fête cette année ses 25 ans d’existence.
La direction a profité de l’occasion pour présenter les résultats de recherche et les travaux en phytoprotection de Tanya Copley, chercheuse en phytopathologie au CEROM.
Les prochaines années apporteront leurs lots de défis pour les grandes cultures, a indiqué Tanya Copley. Les projections indiquent que les changements climatiques s’accompagneront d’une augmentation de 50% des espèces pathogènes dans les 50 prochaines années. Il faut donc comprendre que si plus de rendements peuvent être attendus par l’allongement des saisons, ce contexte est également propice à l’arrivée de nouvelles maladies au Québec. « Le rallongement des cycles vitaux signifie plus de pression sur les cultures, que ce soit seulement une semaine ou un mois de plus à la saison de croissance, puisque plus de spores hibernent durant l’hiver. »
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Le CEROM a dans sa mire le nématode à kyste du soya qui a fait son apparition au Québec dans les dernières années, ainsi que la tache goudronneuse du maïs signalée depuis 2020 en Ontario.
Tanya Copley estime que la maladie pourrait faire son arrivée au Québec dans la prochaine année, selon les conditions climatiques. Vous pouvez d’ailleurs consulter un épisode de Défi-Maïs consacré à la tache goudronneuse ici. Le syndrome de la mort subite du soya fait aussi l’objet d’une surveillance de la part du CEROM. Cette dernière, tout comme d’autres maladies racinaires du maïs et du soya, ne devrait pas apparaître avant cinq ans dans la province.
La chercheuse sollicite d’ailleurs la collaboration de producteurs dans leurs études afin de mieux comprendre l’évolution du nématode à kyste du soya. Ceux qui seraient intéressés sont invités à la contacter. « L’important est d’être en avance sur les maladies », a déclaré la chercheuse qui a aussi mis l’accent sur la lutte intégrée en grandes cultures. Puisque la maladie a besoin de conditions favorables, réunissant à la fois un environnement, une plante et un agent pathogène virulent, il faut agir en amont pour éviter de créer un milieu favorable.
Le CEROM a d’ailleurs élaboré des méthodes prévisionnelles au service des producteurs. C’est le cas pour la fusariose du blé. Les producteurs ont maintenant à leur disposition une carte indiquant les zones et les moments propices à la dispersion de la maladie.
Le centre de recherche a aussi mis au point un système de prédiction des cas d’apothécies pour le soya, en s’inspirant d’une méthode élaborée au Wisconsin. Après plusieurs années à peaufiner le modèle pour le Québec, ce dernier peut prévoir avec un taux d’efficacité de 75 à 86% les cas dans la province.
75 recherches en cours
Le directeur général du CEROM, Francis Girard a souligné en début d’assemblée que tout évolue rapidement aujourd’hui, que ce soit les changements climatiques ou les changements technologiques, ce qui rend la recherche au Québec encore plus pertinente et d’où l’importance de soutenir les producteurs et les chercheurs avec des recherches appropriées.
Il a ainsi été possible de savoir que 75 projets de recherche sont en cours au CEROM. Un nouvel axe de recherche autour de la régie des cultures et les plantes fourragères a par ailleurs été instauré.
Le Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP), qui est affilié au CEROM, a dénombré en 2022 quelque 27 ennemis des cultures dans les 760 champs surveillés. Les pathologies regroupaient surtout des maladies (24), deux mauvaises herbes et un nématode.
Le CEROM a dénombré 312 activités de diffusion, dont 261 comme auteur, coordonnateur ou animateur, ainsi que 141 avertissements via le RAP.
Pour 2023, le centre de recherche doit confirmer avec le MAPAQ les grappes agro-scientifiques ciblées pour les cinq prochaines années, des discussions sont en cours avec le gouvernement depuis 2021. Il est aussi prévu de construire le complexe serricole, un projet qui dû être revu en raison de l’explosion des coûts.