Bientôt un vaccin autogène contre l’influenza porcine

Si tout va bien, il sera disponible en juin 2023

Publié: 1 novembre 2022

Marie-Claude Poulin, vétérinaire, influenza porcine

Le Québec aura bientôt un vaccin autogène pour aider à combattre la deuxième plus importante maladie virale de l’industrie porcine, l’influenza porcine. Une équipe pilotée par la vétérinaire consultante Marie-Claude Poulin travaille sur ce projet depuis 2021. 

Marie-Claude Poulin a présenté les résultats de la phase 1 lors du Colloque scientifique porc/avicole organisé par le Centre de référence en agriculture et en agroalimentaire du Québec (CRAAQ) le jeudi 20 octobre 2022 à Québec.

Si tout va comme prévu, le vaccin sera lancé en juin 2023. La phase 1 présentée lors du colloque a permis d’identifier des souches virales et de valider la faisabilité. Dans la phase 2, les souches virales ont été sélectionnées et les échantillons sont en cours d’analyse dans les laboratoires de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). En entrevue, Marie-Claude Poulin explique que c’est à partir de ces analyses que le vaccin sera créé.

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Vaccin autogène?

La vaccination est le meilleur moyen de lutter contre l’influenza porcine. Le problème est que les deux seuls vaccins commerciaux disponibles actuellement ne sont pas efficaces parce que les souches ciblées ne sont pas celles présentes actuellement et qu’il coûte très cher de développer des vaccins.

Un vaccin autogène est un vaccin formé à partir des souches présentes dans un environnement donné et appliqué dans ce même environnement par la suite. Depuis plusieurs années, les autorités canadiennes acceptent la création d’un vaccin autogène avec les souches virales présentes à la ferme et pour utilisation sur cette ferme par la suite. Toutefois, jusqu’à récemment, elles étaient fermées à l’idée de faire un vaccin autogène régional avec différentes souches présentes dans une région et utilisé par la suite dans toute cette région comme il est question dans ce projet. La région dans ce cas-ci est le Québec. « La COVID a aidé », explique Marie-Claude Poulin en ouvrant les yeux des autorités sur l’efficacité et la nécessité d’un vaccin, et sur la nécessité d’innover. 

Cibler les bonnes souches

La difficulté de la création d’un virus autogène est de cibler les bons virus. C’est sur cela que l’équipe de Marie-Claude Poulin travaille depuis l’automne 2021. Quatre groupes d’experts (Biovet, Demeter, Université de Montréal et Université de Saskatchewan) sont impliqués dans le cycle de production et à analyser les données. Ensemble, ils identifient les souches qui formeront le vaccin. Dans la sélection finale, entre 3 et 5 souches seront sélectionnées en fonction de l’habileté à bien croître en culture et à induire une réponse immunitaire. La difficulté dans la phase actuelle d’identification des couches est que les laboratoires utilisés pour identifier les virus de l’influenza porcine sont très occupés par l’épidémie actuelle d’influenza aviaire qui sévit sur les fermes avicoles du Québec. Les résultats du séquençage fonctionnent donc au ralenti. Le vaccin sera offert aux producteurs de porcs du Québec, par l’entremise de leurs vétérinaires.

Le Colloque scientifique porc/avicole du CRAAQ a regroupé 111 participants au total, dont 40 sur le web. Selon le coordonnateur de la journée, Jacques LeBlanc du CRAAQ, c’est une très bonne participation étant donné la nature scientifique de la journée. «On est très très contents», dit-il.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.