Un algorithme pour vendre ses porcs

Il s’agit d’une aide informatique pour suivre les marchés des grains et du porc

Publié: 12 janvier 2024

Un algorithme permet d'aider dans l'achat des grains et la vente des porcs.

Le consultant en production porcine Michel Mercier a mis au point un algorithme pour permettre aux producteurs d’acheter leurs grains et vendre leurs porcs. Voulant en faire profiter le plus grand nombre de producteurs possible, il l’offre à un organisme à but non lucratif (OBNL), le Groupe Élément Terre, qui sera formé sous peu. Le projet sera présenté à Saint-Bernard de Beauce mardi prochain, 16 janvier 2024.

Michel Mercier travaille sur l’algorithme depuis cinq ans. Avec une quatrième version de l’algorithme et de multiples consultations auprès de spécialistes du secteur, le technologue se dit prêt à officiellement lancer son outil.

L’algorithme est novateur. Il s’agit d’une aide informatique pour suivre les marchés des grains et du porc. Avant de mettre sur pied son outil, Michel Mercier a analysé des milliers de données de 11 ans en faisant fonctionner six ordinateurs 24 heures sur 24 pendant deux semaines au temps des Fêtes 2018. En analysant les résultats obtenus, il a constaté qu’il était possible de faire des gains si certaines règles étaient respectées. Le gain calculé était entre 3 et 10$ par porc. « Dès que je mettais un facteur humain dans mon modèle, c’était automatique. Ça donnait zéro », dit-il. Le danger avec l’humain, c’est d’attendre au lendemain, alors que c’est le temps de se positionner. Il a aussi noté que la rigueur et la constance était de mise.

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Donc, basé sur cette analyse, Michel Mercier a monté une première, puis une deuxième, puis une troisième version et finalement la quatrième version de l’algorithme avec lequel il travaille présentement. À chacune des versions, il a établi de plus en plus de stratégies qu’il incorpore dans l’algorithme. Dans la quatrième version, il y en a un million. « C’est énorme », dit-il. Il explique que l’outil est perfectible, mais il est fier que le coefficient de corrélation est de 81%. Il constate donc qu’il est fiable.

Michel Mercier explique que ce genre d’outil n’est pas fait pour les producteurs nerveux qui veulent battre le système ou qui veulent faire de la spéculation. Il explique que les producteurs de porcs ont mille tâches à faire et que pour être bon sur les marchés, il faut en faire beaucoup. Or, les producteurs n’ont pas ce temps à consacrer. 

OBNL

Le projet d’algorithme de Michel Mercier est rendu à un point tournant. Le consultant a fait face à de nombreuses embûches pour le lancer. Il a consacré énormément de temps pour son développement et voit l’urgence de le rendre disponible aux producteurs de porcs dans le contexte actuel. Or, il lui faut des ressources financières supplémentaires pour le faire fonctionner à une plus grande échelle. Et pour avoir des subventions, la conclusion a été qu’il fallait créer un OBNL. 

C’est ce qu’il en train de faire avec l’aide de deux producteurs de porcs de Sainte-Marguerite, Mathieu Bisson et Jean-Pierre Audesse. Mathieu Bisson est le président par intérim de l’OBNL jusqu’à sa constitution officielle. Il utilise l’algorithme depuis un an et demi. « Pour l’instant, c’est concluant », dit-il.

Il explique avoir été séduit par le côté innovant du projet et la volonté de Michel Mercier de le rendre disponible à la collectivité. « Il ramène la science dans l’économie », dit Mathieu Bisson. 

L’algorithme sera le premier service rendu disponible par l’OBNL. « On a créé un OBNL qui va s’occuper de la gestion de l’algorithme, qui va aussi s’occuper de la gestion des groupes de producteurs qui vont faire en sorte que l’algorithme va prendre des décisions pour eux, pour le marché de grains et la mise en marché des porcs, explique Mathieu Bisson. Dans le fond, c’est d’avoir un volume suffisant pour permettre à l’algorithme de travailler et en fournissant des seuils de couverture raisonnable aux producteurs de porcs. » Ainsi la collectivité apportera un volume intéressant sur les marchés.

Michel Mercier affirme que l’outil tel que présenté respecte les lois québécoises. L’OBNL mettra d’ailleurs en place un comité scientifique et un comité éthique pour s’assurer que l’outil soit adéquat. Des observateurs externes et indépendants feront partie de ces comités. Le responsable analyse et valorisation des données au Centre de développement du porc du Québec, Patrick Gagnon, a notamment été approché pour faire partie du comité scientifique. « Ce que je trouve bien, c’est qu’il y a plusieurs expertises impliquées », dit-il.

Une rencontre a été organisée à Saint-Bernard de Beauce, ce mardi soir. Les personnes intéressées à assister à la rencontre doivent écrire au [email protected]. La présentation sera précédée d’une présentation des nouveaux coûts de production en production porcine par un représentant des Éleveurs de porcs du Québec.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.