Porc : moins de PME et plus de grandes entreprises

PME vs grandes entreprises : la tendance s’est renversée depuis 10 ans en production porcine

Publié: 17 mai 2024

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L'étude prospective de la production porcine présente de nombreux constats.

En 10 ans, la proportion de porcs produits dans des PME a chuté alors que celle dans les grandes entreprises a grimpé. En fait, les proportions se sont inversées. En 2012, c’était 57% des porcs qui étaient produits par des PME, contre 43% pour les grandes entreprises. En 2022, 39% l’étaient par des PME, contre 61% par les grandes entreprises.

Voilà l’un des nombreux constats du rapport de la firme Raymond Chabot Grant Thornton commandé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) pour réaliser une étude prospective de la filière porcine au Québec.

L’outil servira à établir une planification stratégique qui sera présentée dans le cadre de l’assemblée générale annuelle des Éleveurs de porcs du Québec les 6 et 7 juin prochain.

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Autres constats

Les trois dernières conventions de mise en marché ont été conclues en arbitrage ou à l’aide de conciliateur. Cela démontre les difficultés associées aux négociations entre les deux parties: producteurs et abattoirs. Les négociations de la dernière convention démontrent bien ces difficultés puisqu’elles ont duré 15 mois.

Il existe plusieurs modèles d’affaires pour l’élevage de porcs au Québec. Chacun d’eux comporte des avantages et des limites. Les producteurs indépendants ont plus de flexibilité et le potentiel de rentabilité est plus important. Toutefois, ces producteurs conservent l’ensemble des risques, ont plus de difficulté à prévoir les revenus, doivent assumer les marges déficitaires s’il y a lieu, doivent investir des sommes initiales importantes et s’ils sont petits, ils ont de la difficulté à négocier des contrats avantageux.

Les plus grands producteurs bénéficient d’économies d’échelle, ont la possibilité d’investir dans de l’équipement hautement technologique, ont la possibilité de négocier des contrats avantageux, notamment sur les marchés boursiers, et ils ont la possibilité de réduire le risque en raison de la diversification des activités. Cependant, cette diversité d’activité peut apporter une complexité de gestion. Les investissements initiaux sont élevés. De plus, la présence des intégrateurs peut apporter une concentration dans l’industrie.

La concentration chez les éleveurs de porcs a connu une hausse marquée au cours des dernières années. Alors que le nombre d’unités assurées par l’ASRA est resté relativement stable dans le secteur porcin, le nombre d’adhérents a reculé de moitié. Par conséquent, le nombre d’unités assurées par adhérent a doublé.

Avec les différentes acquisitions faites au cours des ans, Olymel détient maintenant 70% de la capacité totale d’abattage. Il ne reste plus que six entreprises d’abattage de porcs au Québec : Aliments Asta (13%), Les Viandes duBreton (8%), CBCo Alliance (6%), L.G. Hébert et Fils Ltée – Les Viandes OR-FIL int. (3%) et Viandes Giroux – Viandes Riendeau (1%).

La grande majorité des 7,3 millions de porcs abattus au Québec provient de producteurs québécois, soit 93%. Et la presque totalité des porcs élevés au Québec est abattue au Québec. Le plus important recul de la production porcine dans les dernières années est survenu entre 2020 et 2021, avec une baisse de 8,2%.

Le rapport contient de nombreux autres constats intéressants, dont de nombreuses données économiques et en lien avec le soutien de l’État. Notamment, l’ASRA a compensé les éleveurs de porcs pour 11 des 14 dernières années. Les éleveurs de porcs du Québec sont davantage dépendants du soutien de l’État que dans les autres provinces. Le rapport fait aussi état d’une dépendance de plus en plus grande envers la main-d’œuvre étrangère sur les fermes.

Il est possible de consulter le rapport en ligne.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.