Le 10e anniversaire du Porc Show, qui s’est déroulé sur fond de crise porcine à Québec les 12 et 13 décembre 2023, a rassemblé moins de personnes cette année.
Pour l’occasion, 750 participants s’étaient présentés, loin des 950 des bonnes années. Selon le président du Porc Show, également président des Éleveurs de porcs, Louis-Philippe Roy, deux raisons expliquent la plus faible participation cette année : la grève des enseignants qui a forcé des participants à annuler et la morosité du secteur. Certaines personnes n’avaient tout simplement pas le cœur à la fête.
Le Porc Show s’est déroulé sur sa formule habituelle avec un panel le premier soir, suivi de sessions plénières le lendemain matin sur des enjeux nationaux et internationaux, suivi d’ateliers sur des sujets techniques. D’ailleurs, les difficultés de la production porcine ne sont pas uniques au Québec et des changements futures sont à venir. L’adaptation aux changements climatiques et les changements démographiques font aussi partie des enjeux qui rattraperont la production porcine dans les prochaines années.
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Le Porc Show a vu le jour en 2014, alors que la production porcine québécoise vivait une autre crise, celle de la diarrhée épidémique porcine (DEP). Les gens qui étaient présents à l’époque se souviennent du Congrès du porc qui souffrait, dans les dernières années, de morosité. C’est à ce moment-là que Sébastien Lacroix, actuel président de l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), a eu pour mandat de renouveler l’évènement. En entrevue, il raconte que le Porc Show est la fusion de trois évènements : le Rendez-vous porcin de l’AQINAC, l’évènement Bête et Fête des Éleveurs de porcs du Québec et le Congrès du porc de l’Association du Congrès du porc. « En 2012, on a commencé à se parler et en 2014, on a tenu notre première édition, raconte Sébastien Lacroix. L’objectif était de faire quelque chose de nouveau. »
Et ça a fonctionné, les gens étaient en rendez-vous. La proximité avec la colline parlementaire à Québec favorisait la présence des ministres successifs de l’Agriculture. Le Porc Show a aussi innové avec notamment la collaboration avec l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) depuis huit ans qui a permis de sensibiliser la relève culinaire à la qualité du produit d’ici.
Nouvellement élu à la présidence des Éleveurs de porcs en juin 2023, Louis-Philippe Roy en est à sa deuxième année comme président du conseil d’administration du Porc Show. « Après 10 ans, l’industrie a démontré qu’elle est encore forte, dit-il. On est capable de passer au-travers les difficultés. »
Quel avenir pour le porc et le Porc Show?
Autant Sébastien Lacroix que Louis-Philippe Roy croient en l’avenir du Porc Show. « Je pense que l’industrie du porc, malgré ses défis, va être encore là et le Porc Show va être encore là pour réunir la filière », dit Sébastien Lacroix.
Les prochains mois seront déterminants pour l’industrie porcine. Les Éleveurs de porcs du Québec ont du travail à abattre. La fermeture de l’abattoir de Valley-Jonction dans les prochains jours apporte beaucoup d’insécurité chez les producteurs. De plus, l’arrivée prochaine d’un nouveau modèle de coût de production crée aussi de l’inquiétude. « On travaille pour avoir une vision plus claire, dit Louis-Philippe Roy. Nous avons beaucoup de chantiers à travailler. Nous travaillons en même temps à aider nos éleveurs qui restent et ceux qui vont quitter. C’est un moment difficile. »
Le directeur des relations publiques et secrétaire général des Éleveurs de porcs du Québec, Tristan Deslauriers, explique qu’il y a actuellement 60 dossiers de fermetures de fermes qui ont été acceptés sur les 260 présentés. « C’est compliqué parce qu’il faut s’assurer de l’équilibre de la filière en même temps », explique-t-il. Il serait, en effet, périeux de fermer trop de maternité ou trop d’engraissements.
Louis-Philippe Roy explique que, pour l’instant, ce sont principalement les producteurs qui ont de vieux bâtiments, qui n’ont pas de relève, qui ont de la maladie ou encore ceux qui sont démotivés par l’avenir de la production porcine qui quittent.