Avec l’accord entre le Canada et l’Union européenne, on aurait pu s’attendre à y faire des exportations. Après tout, ils ont rempli tous les contingents laitiers octroyés. Or ce n’est pas le cas. Mais quelle est la dynamique européenne au niveau agroalimentaire, en particulier au niveau de la viande de porc?
Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’INRAE en France, était invité par le Porc Show à présenter une conférence le 9 décembre 2025, à Québec. Le thème était « L’économie porcine et ses concurrents dans un contexte international en mouvance ».
Le Canada est un joueur majeur dans les exportations agroalimentaires. « Vous faites partie des très grandes puissances agroalimentaires dans le monde », a dit Vincent Chatellier.
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Nous exportons une fois et demie ce que nous importons en produits agricoles et agroalimentaires. La production porcine représente le 5e poste des exportations agroalimentaires du pays, après les oléagineux, les grains, les produits à base de céréales et les légumes. Le bœuf se classe juste après le porc.
Cependant, le Canada est hautement dépendant des États-Unis, autant du côté des exportations que des importations. D’un côté comme de l’autre, notre voisin du Sud occupe environ 57% des parts de marché.
C’est au niveau des autres pays que ça varie. La Chine et le Japon sont nos 2e et 3e clients. L’Union européenne occupe la 4e place parmi les clients du Canada, alors qu’il est notre deuxième fournisseur de denrées agroalimentaires avec près de 11% des parts de marché agroalimentaires.
L’Union européenne exporte beaucoup plus de denrées agroalimentaires vers le Canada que l’inverse : une fois et demie. Les boissons, comme le vin et les spiritueux, représentent le premier secteur d’exportation, et de loin.
Pour 2024, les boissons représentaient un solde commercial de 1 696 millions d’euros, quatre fois plus que la deuxième catégorie. Les produits laitiers avaient un solde de 321 millions d’euros, occupant la quatrième place, contre la sixième place pour le porc avec 158 millions d’euros.
Le plus grand secteur d’exportation de denrées agroalimentaires canadiennes en Europe est celui des céréales et produits de minoterie.
Sans surprise, les produits laitiers représentent le premier secteur d’exportation des produits animaux de l’Europe vers le Canada et il a connu une croissance soutenue, suivi du porc et très peu par le bœuf. La viande de volaille européenne est pratiquement absente au Canada.
Consommation mondiale de viande
La viande de volaille occupe la première place en termes de croissance de la consommation de viande à travers le monde (40,6%). La tendance s’accentuera (42,7% en 2034 selon la FAO et l’OCDE) avec un déclin des consommations de porc et de bœuf qui continuera.
La consommation de viande est très variable selon les régions du monde. L’Asie est la principale région consommatrice de viande. La Chine pousse la consommation vers le haut. Dans les 10 prochaines années, c’est la viande de volaille et le bœuf qui y connaîtront une plus grande croissance.
En fait, dans toutes les régions du monde, c’est la viande de volaille qui connaîtra la plus grande croissance.
La Chine est le premier producteur mondial de viande, suivi par les États-Unis et l’Union Européenne. Le Canada est le 14e exportateur mondial de viande dans le monde.
Échanges mondiaux
Malgré toutes ces données sur la viande, ce sont les produits végétaux qui sont les premiers produits agricoles et agroalimentaires exportés à travers le monde. La viande de porc occupait en 2023 la 11e place ex-aequo avec la viande de volaille, alors que les produits laitiers et la viande bovine occupent les 7e et 8e places. Les produits laitiers occupent donc la première place parmi le commerce mondial de produits animaux.
L’Union européenne est largement excédentaire au niveau de son solde commercial en produits animaux : 48,9 milliards d’euros, contre 4,9 pour le Canada, soit 10 fois plus. La Chine est largement déficitaire avec 36,5 milliards d’euros. Elle importe principalement des produits laitiers, bovins et porcins.
L’Union européenne exporte surtout des produits laitiers, suivis par ceux du secteur porcin. Les autres secteurs sont beaucoup moins importants.
Économie mondiale et européenne
Le prix du porc au Canada est bas comparativement à l’Union européenne. C’est en Chine où la production porcine est la plus concentrée et où la consommation est la plus élevée à travers le monde, suivie par l’Union européenne.
D’ailleurs l’Union européenne est le principal exportateur de viande de porc et la croissance est dû à l’Espagne qui a toutefois des enjeux sanitaires. La Chine est leur principal client. C’est encore une fois l’Espagne qui y exporte le plus.
Toutefois, les Européens ont tendance à diminuer leur consommation de viande de porc. Finalement, les exportations demeurent stables.
En entrevue, Vincent Chatellier dit ne pas être surpris que le Canada n’ait pas plus profité de l’accord avec l’Europe. Celui-ci prévoyait une possibilité d’exporter de la viande de bœuf en Europe, mais les compagnies canadiennes de ce secteur ont choisi de ne pas investir dans une filière parallèle pour fournir le marché européen.
« Je pense que les entreprises bovines canadiennes n’ont pas voulu développer une filière spécifique à l’Europe. C’est une question de choix industriel », a dit Vincent Chatellier.
Selon lui, l’avenir est positif pour le Canada. Heureusement, le Canada a davantage diversifié ses marchés dans la viande de porc que dans le reste de son économie. Il est donc moins dépendant des États-Unis.
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