Porc : Louis-Philippe Roy veut rebâtir les ponts

Il souhaite que tous travaillent ensemble dans une vision commune

Publié: 8 août 2023

Louis-Philippe Roy

Après des années difficiles depuis le début de la pandémie en 2020, de la réduction annoncée dans la dernière année des achats de porc par Olymel et de la difficile négociation de la nouvelle convention collective, le président des Éleveurs de porcs élu en juin dernier, Louis-Philippe Roy, a du pain sur la planche. Son objectif : rebâtir les ponts entre les acheteurs et les éleveurs.

Les Éleveurs de porcs planchent actuellement sur un grand projet de mécanisme de retrait temporaire qui permet aux producteurs de porcs de recevoir un montant compensatoire s’ils souhaitent quitter temporairement la production porcine. Ce mécanisme a été mis en place en réponse à l’annonce d’Olymel de réduire de plus d’un million de porcs sur les sept millions de porcs produits au Québec et à la fermeture dans les prochains mois de l’abattoir de Valley-Jonction. Le quart de soir de cette usine a déjà cessé avant les vacances de la construction, en juillet.

En entrevue, Louis-Philippe Roy explique que ce mécanisme de retrait occupe beaucoup de temps, mais ce n’est pas ce qui l’a le plus accaparé depuis son élection. « Moi, ce que je voulais, c’était surtout de rebâtir des relations, dit-il. Donc, on a fait le tour des différents partenaires. On a rencontré presque tout le monde. » Selon lui, ce dialogue est la condition de la réussite au sein de la filière. 

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« Il faut travailler ensemble parce que la réussite de la production au Québec passe par sa filière, ajoute Louis-Philippe Roy. On produit sept millions de porcs. Ce n’est pas énorme quand on se compare à d’autres pays ou d’autres groupes dans le monde. Donc, si on veut une réussite de l’ensemble de la filière, il faut avoir des discussions. Il faut avoir une transparence et une honnêteté à travers tout le monde. Et je pense depuis le jour 1 que c’est le rôle des Éleveurs d’avoir ce leadership-là. » Il souhaite que tous travaillent ensemble dans une vision commune.

Planification stratégique

Le dossier qui lui tient à cœur en ce moment, c’est l’élaboration de la planification stratégique. « C’est important pour moi que les producteurs qui sont impliqués fassent valoir ce qu’ils veulent pour les prochaines années et de mettre en place des stratégies », explique-t-il. Il souhaite que, dans les cinq prochaines années, soit la durée de la planification stratégique, les Éleveurs et les acheteurs travaillent en harmonie. Il est conscient que les producteurs veulent être bien payés pour leur produit, mais que les transformateurs doivent aussi être rentables.

« Comment, tout le monde ensemble, dans un horizon de cinq ans, on est capable de rebâtir des relations, de se faire confiance, d’avoir une stratégie commune et d’arriver à une prochaine négociation, et que ce soit fait en harmonie? Ça, c’est le souhait que j’ai », dit-il. Il ajoute avoir reçu de bons commentaires des gens de la filière, mais avec un peu d’inquiétude du côté des producteurs. « La difficulté d’un mandat que j’ai, c’est qu’on n’est pas capable de mettre des chiffres là-dessus », dit-il. Il le voit plutôt comme des petites victoires pour bâtir un avenir prospère. C’est le cas notamment du programme de retrait volontaire. « C’est pour ça que ça va être important de bien expliquer aux producteurs la stratégie qu’on veut mettre en place », ajoute-t-il.

Les travaux entourant la planification stratégique ont débuté avant l’arrivée en poste du nouveau président, qui était déjà dans l’exécutif des Éleveurs de porcs comme 2e vice-président. Un consultant travaille sur le dossier depuis le printemps dernier pour rencontrer les éleveurs de porcs et les partenaires. Une présentation est prévue lors de la prochaine assemblée semi-annuelle de novembre. 

Après la saison estivale, Louis-Philippe Roy voit venir un automne chargé avec notamment, la baisse appréhendée du prix du porc, le manque de liquidités qui va en découler, les cotisations de l’Assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) à venir, le nouveau modèle ASRA qui sera mis en place. « Il y a beaucoup de dossiers à court terme », dit Louis-Philippe Roy. Malgré la charge de travail qui l’occupe autour de trois jours par semaine, il se dit content de la réception, autant du côté des éleveurs que des gens de l’industrie. « Il y aura toujours des enjeux – ça, c’est sûr – mais si au moins il y a une volonté des gens de travailler et de trouver des solutions, ça nous permet d’avancer. C’est quand on n’avance plus qu’il y a un problème », conclut-il.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie-Josée Parent

Marie-Josée Parent

Agronome et journaliste

Marie-Josée Parent couvre les productions laitière, bovine, avicole et porcine au Bulletin des agriculteurs.