L’Union paysanne incite la ministre de l’Agriculture à ne pas céder la gestion des services-conseils agricoles à l’UPA

Publié: 14 novembre 2004

Saint-Germain-de-Kamouraska (Québec), 8 novembre 2004 – Devant le désengagement appréhendé du MAPAQ dans la gestion et le financement des services-conseils agricoles, l’UPA comptait bien ajouter ce réseau important à son contrôle des outils publics de politique agricole. Mais dans la nouvelle entente proposée par la ministre, l’UPA ne fait pas partie des administrateurs des réseaux régionaux de services-conseils.

Dans une lettre adressée à la ministre de l’Agriculture, publiée dans La Terre de Chez nous, les dirigeants nationaux et régionaux de l’UPA crient au lèse-majesté. « L’UPA, écrivent-ils, qui représente tant les actuels que les futurs utilisateurs, se trouve écartée de son rôle privilégié en matière de services-conseil pour être ramenée au rang de simple élément consultatif. Est-ce le traitement qu’on réserve à un partenaire qui a acquis le statut de cogestionnaire légitime dans cette réorganisation des services-conseils? Rien ne justifie cet évincement du représentant officiel de tous les producteurs et productrices agricoles du Québec dûment désigné comme tel par le législateur, est-il besoin de le rappeler».

L’Union paysanne estime au contraire que la gestion des services-conseils, comme des autres outils publics de la politique agricole, doit demeurer sous le contrôle de l’État. D’autres partenaires syndicaux et d’autres intervenants devraient d’ailleurs avoir droit au chapitre, particulièrement dans la gestion des plans conjoints de mise en marché. Le rôle du ou des syndicats n’est pas de se substituer au Gouvernement ni aux entrepreneurs. Comment un syndicat qui se substitue à l’État ou aux acheteurs peut-il encore prétendre défendre les intérêts de ses membres producteurs? La cogestion et le partenariat avec le Gouvernement et l’entreprise engendre inévitablement la collusion et les conflits d’intérêt quand vient le temps de négocier les revendications des producteurs. L’UPA en donne la preuve tous les jours.

La réaction de l’UPA inquiète l’Union paysanne. Forte de la loi contestable qui lui accorde un monopole de représentation, au mépris de tous les autres intervenants, l’UPA brandit cette accréditation légale exclusive pour exiger des droits de cogestion et de partenariat exclusifs sur toute la politique agricole. Or nous savons que ces droits prétendus de cogestion et de partenariat deviennent, dans les faits, un contrôle qui se substitue à celui de l’État. On en a la preuve tous les jours avec la Financière agricole, la Régie des marchés, les comités consultatifs agricoles, la CPTAQ, la gestion des plans conjoints et des fonds de recherche. Un groupe d’intérêt corporatif ne doit pas se substituer à l’État pour gérer les fonds publics et la politique agricole de tous les Québécois.

Quand un monopole voit son pouvoir menacé, son indignation peut aisément devenir de l’indécence et de l’arrogance. Il semble que ce soit le cas ici.

L’Union paysanne incite donc fortement la ministre de l’Agriculture à ne pas céder aux mains de l’UPA un outil d’orientation et de formation aussi important pour l’agriculture durable que les services-conseils. Il s’agit d’un service de première ligne. Et les intérêts de l’UPA ne coïncident pas nécessairement avec les intérêts de l’agriculture à laquelle ont droit tous les Québécois.

Site(s) extérieur(s) cité(s) dans cet article :

Fédération Canadienne de l’agriculture
http://www.cfa-fca.ca/

Union des producteurs agricoles (UPA)
http://www.upa.qc.ca/

Union Paysanne
http://www.unionpaysanne.com/

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