Les finances des entreprises agricoles sont très serrées actuellement. Pour passer à travers et faire progresser l’entreprise, il y a certaines règles de base à respecter en termes de gestion d’entreprise.
Lors du Rendez-vous avicole 2024, une conférence sur le sujet du financement responsable a été offerte par Benoit Marcoux, directeur, devises et produits dérivés, chez Desjardins, et Sylvain Morel, vice-président, relations d’affaires et développement des marchés agricole et agroalimentaire, également chez Desjardins.
Alors que nous vivons un ralentissement économique sans toutefois connaître de récession, le Canada vit des tensions économiques avec les grands marchés internationaux. Et cela ne s’améliorera pas avec la récente élection au début novembre de Donald Trump aux États-Unis. L’imposition de tarifs douaniers par l’administration américaine pourrait ramener l’inflation à la hausse et faire remonter les taux d’intérêt.
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Pour l’instant, avant l’arrivée en poste de l’équipe Trump, les exportations vont bien. Toutefois, Benoit Marcoux s’attend à des impacts négatifs dès le 3e trimestre de 2025.
Tout cela survient alors que l’économie va plutôt bien au Canada. Le taux de chômage au Québec est bas, à 5,7%. Le taux de postes vacants diminue et se rapproche de son niveau prépandémique. Les gens changent moins d’emploi. Par conséquent, les jeunes et les immigrants ont plus de difficulté à trouver du travail.
Le taux d’inflation est revenu à près de 2%. Les taux d’intérêt sont toujours à la baisse. Selon Benoit Marcoux, il resterait trois baisses de taux d’intérêt pour revenir autour de 3%. « Ça, ça va se faire graduellement dans la prochaine année », dit-il.
Alors que les dernières années ont été particulièrement stables en termes de taux d’intérêt, Benoit Marcoux s’attend à plus de fluctuations dans les prochaines années, ce qui est selon lui plus représentatif de la normale.
Et le financement?
Pour faire face à ce qui s’en vient, Benoit Marcoux recommande la diversification dans ses financements. Donc, avoir un peu de taux variable et un peu de taux fixe sur des échéances différentes. « Ça va venir lisser un peu vos coûts de financement, dit-il. Donc, ça évite les chocs, surtout si le cash-flow est serré un peu. Ça peut être très intéressant comme approche. »
Il ajoute qu’il est important de couvrir les risques. Plusieurs outils existent. Pour cela, l’accompagnement, c’est la clé.
Gestion et planification
Ce qui est intéressant dans le secteur agricole en ce moment, c’est que la demande est croissante pour les produits. Selon Sylvain Morel, cela est intéressant pour les entreprises agricoles qui peuvent financer leur projet sur des productions en croissance.
Le rythme des investissements en agriculture est en forte croissance pour aller vers des technologies plus adaptées. Cela a pour conséquence d’augmenter le taux d’endettement des entreprises. Il faut alors avoir des stratégies.
La consolidation des secteurs est aussi en croissance. En même temps, la rentabilité des entreprises décroît.
Sylvain Morel explique que les entreprises agricoles sont souvent impliquées dans plusieurs secteurs d’activités qui influencent le financement futur. Pour cela, il faut regarder la capacité de payer. « À partir de là, il faut prendre une décision », dit-il. Souvent, les entreprises vont aller à la limite de leur capacité de financement.
En premier lieu, les entrepreneurs doivent avoir un bon plan d’affaires. La vision et les objectifs doivent être clairs. La relève et les personnes clés doivent être identifiées. Le plan stratégique doit être remis à jour de façon périodique. Est-ce que l’équipe en place peut absorber un projet complémentaire? Et est-ce que les partenaires externes sont à la hauteur des projets qui sont sur le point d’être établis?
Dans l’établissement des projets, Sylvain Morel explique qu’il faut savoir identifier les risques et apprendre à les gérer lorsque c’est possible.
Plusieurs aspects influencent les projets, comme les objectifs des exploitants, le type de productions agricoles, les enjeux relatifs aux critères de l’environnement social et gouvernance (ESG), et finalement, la capacité financière et de gestion.
Une fois que le projet est évalué, est-ce qu’il sera possible de faire en sorte que ce projet soit rentable pour l’entreprise? Peut-il être rentable par lui-même ou devrais-je utiliser les actifs passés? Cet exercice est à refaire à chaque projet.
Après avoir fait tout cela, il arrivera des défis. Il existe des solutions, comme de prioriser l’efficacité, injecter des liquidités, optimiser les protections de gestion de risques, considérer le repositionnement de certaines activités, restructurer la dette ou même de maintenir le statu quo.
« La seule chose qu’il ne faut pas faire en cas de défi, c’est de ne pas l’adresser et de ne pas la regarder en équipe de gestion », dit Sylvain Morel.
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