Nara (Japon), 26 juillet 2002 – L’Union européenne et le Japon ont critiqué la proposition des États-Unis en faveur d’une réduction des barrières douanières frappant les produits agricoles, estimant qu’elle prenait le contre-pied des principes sous-tendant les négociations en cours sur la libéralisation du secteur.
Le Commissaire européen à l’Agriculture Franz Fischler a commenté le projet américain, qui vise à limiter à 25% le taux des barrières douanières agricoles – contre 62% en moyenne actuellement – lors d’une réunion avec le ministre de l’Agriculture japonais, Tsutomo Takebe. Un sommet mondial va réunir au Japon les ministres de l’Agriculture des principales puissances agricoles.
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« (La proposition américaine) est totalement incompatible avec la déclaration ministérielle adoptée à Doha », a estimé Fischler, cité par un responsable du ministère de l’Agriculture nippon.
L’Organisation mondiale du Commerce a lancé un nouveau « round » de négociations dans la capitale qatarie, en novembre dernier, en vue de parvenir d’ici mars 2003 à une ébauche d’accord global sur la libéralisation de l’agriculture.
A Doha, les ministres du Commerce de plus de 140 pays ont adopté une déclaration selon laquelle des questions telles que la sécurité alimentaire et la protection de l’environnement devaient être prises en compte dans les négociations sur l’agriculture.
« Des règles réalistes et flexibles »
« Nous aimerions établir pour le commerce mondial des règles qui soient réalistes et flexibles », a déclaré Fischler à Takebe.
L’Union européenne et le Japon estiment depuis longtemps que les barrières douanières et les subventions agricoles devraient ne faire l’objet que d’une petite diminution pour permettre à l’agriculture de continuer à jouer son rôle culturel, social et écologique dans les pays où elle tient un place importante.
Les Etats-Unis – ainsi que les 17 autres membres du Groupe de Cairns, dont le Canada et l’Australie, qui milite pour le libre-échange agricole – font pression dans le sens d’une réduction drastique des subventions.
Takebe a, tout comme Fischler, critiqué la proposition de Washington, estimant que cette dernière ne reflétait pas les règles commerciales existantes et faisait peu de cas des efforts des pays membres de l’OMC tendant vers une réduction des subventions.
En plus d’une diminution des barrières douanières, les Etats-Unis ont appelé à une limitation du montant de ces aides aux agriculteurs, qui serait plafonné à cinq pour cent de la valeur de la production agricole des pays concernés.
L’instauration de ce plafond reviendrait à réduire de 100 milliards de dollars par an le montant global maximal de subventions agricoles autorisées.
Les Etats-Unis tentent, en présentant ces propositions, de reprendre l’initiative dans le débat sur l’agriculture à l’échelle mondiale après les attaques dont ils ont été la cible au sein de l’OMC en raison de l’adoption par Washington d’une loi octroyant plusieurs milliards de dollars de subventions à ses agriculteurs.
Source : Reuters