Après des tests réussis en usine en avril 2024, FuelPositive a livré et installé son premier système de production d’ammoniac vert à la Ferme R&L Acres, près de Sperling, au Manitoba, en juin 2024. Ce module est capable de produire jusqu’à 100 tonnes d’ammoniac anhydre par an. Bien que cette quantité ne couvre pas tous les besoins de l’exploitation de 4500 hectares, elle représente une avancée majeure vers l’autosuffisance et la durabilité.
Propriétaires de la ferme, Curtis et Tracy Hiebert, sont les premiers à utiliser un système de production d’ammoniac vert sur leur propre exploitation. Développée par Ian Clifford, cofondateur, directeur général et président du conseil d’administration de la jeune pousse ontarienne FuelPositive, cette initiative vise à réduire la dépendance aux engrais traditionnels tout en diminuant l’empreinte carbone de l’agriculture.
Un procédé respectueux de l’environnement
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Le système fonctionne par électrolyse, utilisant de l’eau et de l’hydroélectricité. Il sépare les molécules d’eau (H2O) en hydrogène et en oxygène. L’azote, extrait de l’air, est ensuite combiné à l’hydrogène dans un module où les deux molécules réagissent ensemble à des températures et des pressions élevées pour être converties en NH3, l’ammoniac anhydre. Ce gaz est ensuite acheminé vers des réservoirs de stockage avant d’être utilisé dans les champs.
En produisant son propre engrais azoté, la ferme des Hiebert réduit son exposition aux fluctuations des prix et diminue son impact environnemental tout en contribuant à la réduction des gaz à effet de serre du secteur agricole.
Un engrais azoté à un prix tempéré
En supposant un coût de l’électricité de 5,5 cents par kilowattheure, le PDG estime que l’unité installée à la Ferme R&L Acres peut produire de l’ammoniac anhydre vert pour environ 600 à 700 dollars par tonne. « L’une des principales raisons pour lesquelles les Hiebert veulent avoir notre système sur leur exploitation est la stabilité des coûts et de l’approvisionnement », souligne Ian Clifford.
Le jeune couple Manitobain se souvient avoir payé environ 600 dollars la tonne pour l’ammoniac anhydre en 2017, contre 1400 dollars six ans plus tard. « En plus, si nous produisons le NH? nous-mêmes, nous évitons les retards et les coûts de transport », expliquent les producteurs.
Comme il s’agit de la mise en route d’une nouvelle technologie, FuelPositive reste propriétaire de l’équipement installé sur la ferme des Hiebert. « Nous sommes responsables de l’entretien et de l’exploitation de l’équipement, précise le fondateur de la jeune pousse. Curtis et Tracy prennent en charge les coûts de l’ensemble des appareils nécessaires. »
Le coût du système FP300, capable de produire 300 kg de NH3 par jour, soit 100 tonnes par an, s’élève à 1,2 million de dollars. Pour une installation FP1500, permettant une production de 500 tonnes par an, le prix grimpe à 4,5 millions de dollars.
Le Manitoba d’abord
Le PDG de la startup a choisi le Manitoba comme terrain d’essai en raison de son réseau hydroélectrique abondant et à faible coût. « L’alignement est parfait à plusieurs niveaux, explique Ian Clifford. Le réseau est vert, le coût de l’électricité est bas et de nombreux agriculteurs utilisent des engrais à base d’ammoniac dans la province. Il y a donc beaucoup de clients potentiels ici. »
« Des dizaines d’agriculteurs ont manifesté de l’intérêt, mais ils veulent voir l’installation en fonctionnement », se réjouit Ian Clifford. Selon lui, il est avantageux qu’une exploitation agricole manitobaine bien connue et respectée teste le système.
FuelPositive envisage de construire une unité de production de masse à grande échelle dans la province au cours des deux ou trois prochaines années.
Cet article de Don Norman publié dans The Western Producer a été traduit et adapté.