Pourquoi et comment essayer la culture relais

Publié: il y a 11 heures

Allure du champ au moment de la récolte.

Déjà quelques années qu’on voyait des vidéos d’agriculteurs qui vulgarisaient la culture à relais. On se disait : faudrait bien essayer ça! Une réflexion de deux trois ans, le temps de se préparer mentalement et de s’organiser pour réaliser le projet.

Comment on s’organise? La logistique de semis l’automne qui prépare les espaces logistiques du semis du soya le printemps suivant. La gestion de deux cultures dans un même champ. Les espacements, la gestion des mauvaises herbes, des fertilisations et j’en passe. Sans oublier la fameuse question : ça vas-tu marcher?

On s’est donc donné des objectifs de départ modestes, sans trop savoir si on était du bon sens ou pas. Notre réflexion : ne pas perdre de vue que le blé d’hiver n’est là que pour ajouter une valeur additionnelle à un champ de soya.

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Il suffit de partir cinq jours de la ferme en pleine canicule pour réaliser à notre retour que les champs ont énormément progressé.

On fait notre calcul selon les résultats chez nous. Notre moyenne de rendement de soya tourne autour de 4 tm/ha sur l’ensemble de nos champs. Donc si on réussit à installer un blé d’hiver en première récolte qui parvient à nous donner une marge nette de 600$/ha, ça nous permet d’arriver à une récolte de 5 tm/ha de soya en valeur économique réalisé aux champs.

48 heures après la récolte. La paille épandue cache le soya. La pluie devrait réussir à l’écraser afin que le soya se développe le plus rapidement possible.

Ah oui, je sais! Plusieurs agriculteurs réussissent déjà en haut de 5 tm/ha dans le soya. Tant mieux si c’est votre cas. Si le système fonctionne ça peut donner un potentiel total de 6 tm/ha de valeur aux champs.

Donc en résumé. Semis du blé hiver à l’automne 2024 en identifiant déjà les zones sans semence de blé qu’on a remplacé par des rangées de lin. L’idée est d’occuper tout l’espace à l’automne. Le printemps suivant, le lin est disparu et on sème le soya directement sur les rangées en lin.

Semis du soya en faisant une pulvérisation en bande de 9 pouces afin de s’assurer de contrôler les mauvaises herbes. Une réduction d’herbicide de 70%. Les bandes de blé d’hiver s’occupent elles-mêmes de contrôler la lumière donc pas de pulvérisation.

On a choisi un blé d’hiver qui reste court afin d’avoir le plus de lumière possible à offrir au soya. Un soya tardif qui a tendance à brancher pour occuper l’espace de 30 pouces immédiatement après la récolte du blé d’hiver. Arrive enfin la récolte. Gertrude est déjà préparée pour circuler dans les espaces de blé afin de protéger le soya.

On a ajouté des déflecteurs pour nous permettre de coucher le soya et arriver à faucher le blé plus bas que le soya lui-même sans couper le soya. Ça s’est bien passé pour la récolte, malgré quelques ajustements à faire sur nos déflecteurs.

Résultats sommaires : 3,8 tm/ha de blé avec un potentiel de 1,2 tm/ha additionnelle si on arrive à une meilleure gestion de coupe en plus d’avoir remarqué que notre bande avec un peu plus d’azote nous permettait d’obtenir 1tm/ha additionnelle.

Résultat économique du blé : 471$/ha nets incluant les frais d’opérations. En bas de nos objectifs de départ, mais tout de même atteignable si on retient qu’on a des améliorations à faire. Reste à voir le réel potentiel du soya qui a poussé au travers du blé d’hiver vs le même soya semé juste à côté de façon conventionnelle.

Beaucoup de temps, d’ajustements et surtout de belles observations jusqu’à date. L’objectif : s’améliorer!

Profession agriculteur

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Paul Caplette

Paul Caplette

Agriculteur et collaborateur

Paul Caplette est passionné d’agriculture. Sur la ferme qu’il gère avec son frère en Montérégie-Est, il se plaît à se mettre au défi et à expérimenter de nouvelles techniques. C’est avec enthousiasme qu’il partage ses résultats sur son blogue Profession agriculteur.