Killarney (Irlande), 11 mai 2004 – La France et la Commission européenne ont réaffirmé leur opposition mutuelle sur l’opportunité d’éliminer les subventions agricoles à l’exportation, lors d’un débat entre les ministres européens de l’Agriculture à Killarney (Irlande).
Au lendemain de l’annonce que les commissaires Pascal Lamy (Commerce) et Franz Fischler (Agriculture) avaient proposé une telle élimination à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le ministre français Hervé Gaymard a réclamé « une remise à plat de la stratégie » de la Commission.
« Comment l’Europe pourrait-elle protéger la politique agricole commune (PAC) jusqu’à la fin de la négociation (à l’OMC) si elle donne aujourd’hui le signal d’un désarmement unilatéral? », a interpellé M. Gaymard, selon le texte de son discours.
Il a de nouveau estimé qu’« accepter aujourd’hui de mettre sur la table » de l’OMC le mécanisme de restitutions à l’exportation, par lequel l’Union européenne reverse annuellement près de 3 milliards d’euros à ses exploitants, « en contrepartie d’engagements limités » serait « une grave faute tactique ».
Selon lui, l’Union européenne risquerait de la « payer cher dans la suite de la négociation, puisqu’elle devrait alors choisir entre le rythme d’élimination des subventions à l’exportation et le degré d’ouverture de son marché ».
Le ministre français a interpellé M. Fischler en lui rappelant qu’il était « le garant de l’engagement » pris lors de la difficile adoption de la réforme de la PAC en juin 2003 à Luxembourg.
A l’époque, les Européens s’étaient entendus sur le fait de ne pas faire payer deux fois leurs agriculteurs, une première par la réforme de la PAC, qui a coupé le lien entre le niveau des aides et les quantités produites, et une seconde, dans le cadre de l’OMC, où les subventions de l’UE sont très décriées.
M. Gaymard a par ailleurs reproché à la Commission de nuire aux intérêts des pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique), en cherchant à conclure un accord de libre échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) sans attendre l’issue des pourparlers du « cycle de Doha » à l’OMC.
« Je rappelle que les quatre pays du Mercosur ont un PIB cinq fois plus élevé que l’ensemble des pays d’Afrique sub-saharienne. Je souhaite que nous maintenions une priorité en faveur des plus pauvres », a-t-il dit.
Franz Fischler a pour sa part récusé l’accusation portée la veille par Hervé Gaymard, pour qui M. Lamy et lui ont « outrepassé » avec leur offre le mandat de négociations que leur avaient confié les ministres des Affaires étrangères de l’UE pour défendre les intérêts communautaires à l’OMC.
Le commissaire à l’Agriculture a rappelé que les Européens avaient dès le départ proposé « d’éliminer les subventions à l’exportation pour une liste de produits d’intérêt pour les pays en développement ». « Nous avions clairement dit qu’il n’y aurait pas d’a priori. Aucun produit n’était exclu », a-t-il défendu.
M. Fischler a aussi insisté sur le fait que la nouvelle offre européenne, destinée à relancer le « cycle de Doha » en panne depuis l’échec de la conférence ministérielle de l’OMC de Cancun (Mexique) en septembre 2003, était conditionnée à des avancées « totalement parallèles » des principaux partenaires de l’UE à l’OMC, comme les Etats-Unis, l’Australie et le Canada.
Selon lui, une élimination des subventions européennes ne pourra se faire que si la possibilité émerge d’« un accord global équilibré ».
« Les idées que Pascal et moi avons développées… sont pleinement en ligne avec la position communautaire telle qu’elle a évolué au cours des négociations », a-t-il estimé.
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Source : AFP