On entrepose ou on vend la récolte?

Publié: 27 septembre 2018

Vendre à la récolte ou entreposer? Entreposer plus de maïs ou de soya? Comme chaque année, avec les récoltes à nos portes, la question se pose.

L’an dernier, les paramètres jouaient en faveur du soya. Essentiellement, nous avions d’importantes récoltes américaines et surtout, des inventaires imposants autant pour le maïs, que le soya et le blé. Alors pourquoi le soya dans la dernière année?

Simple question d’historique des prix des trois années précédentes dans des contextes sensiblement équivalents. Suivant les récoltes, c’est en effet surtout le marché du soya qui avait offert dans les dernières années un juste retour sur entreposage. Nous avons vu en moyenne le soya gagner au Québec de 30 $ à 100 $ la tonne, alors que le maïs a généralement progressé de 20 $ à 40 $ la tonne dans les mois suivants les récoltes. À volume égal dans un silo, le retour sur entreposage a donc été certainement plus intéressant pour le soya depuis trois ans, ce qui a été généralement vrai aussi depuis la dernière récolte, enfin jusqu’à ce que M. Trump commence une guerre commerciale avec la Chine…

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Vendre ou attendre d’autres sommets? Plusieurs personnes se pose la question présentement. Il y a matière à réflexion surtout que j’ai reçu une alerte d’un courtier américain disant que les astres étaient moins bien alignés pour le marché du maïs.

Cette année pourrait être cependant différente. Si le soya a toujours cette capacité à surprendre les marchés, surtout si un heureux dénouement a lieu dans les relations États-Unis et Chine, c’est le marché du maïs qui apparaît pour le moment avoir la plus grande capacité de rebond dans les prochains mois.

En effet, on peut jongler avec les chiffres d’offre et de demande de maïs de différentes manières, mais les nombreux scénarios qui en découlent pointent pratiquement tous dans une seule direction : la disponibilité de maïs se fera plus rare. C’est vrai aux États-Unis, surtout si la récolte américaine n’est finalement pas aussi remarquable que prévu, mais plus spécialement dans le monde où on prévoit des jours de réserve à un creux inégalé depuis 1973!

Le contexte apparaît donc bien différent de l’an dernier où les consommateurs devaient s’attendre à crouler sous une montagne de maïs. Cette année, une fois les récoltes derrière nous, les marchés devraient se montrer beaucoup plus réactifs à propos du maïs, surtout si par-dessus le marché, les conditions se veulent préoccupantes au cours de la saison d’hiver en Amérique du Sud. Après plusieurs années de faible retour sur l’entreposage de son maïs, la prochaine année pourrait marquer un tournant.

Cette chronique de Jean-Philippe Boucher a été publiée dans l’édition de septembre du Bulletin des agriculteurs. Vous n’êtes pas encore abonné? Remédiez à la situation en cliquant ici.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.