Des sommets saisonniers à prévoir en juin…

Publié: 27 mars 2012

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Jean-Philippe Boucher agr., MBA [email protected]

Les prix des grains, spécialement ceux du maïs et du soya, ont connu une progression fort intéressante depuis le début de 2012.

Supporté tout d’abord par la sècheresse en Amérique du Sud, puis ensuite la précarité des inventaires prévus d’ici la prochaine récolte, les prix du maïs et soya auront ainsi grimpé à la bourse de respectivement 20-25 $US la tonne (10%)  et 70-80 $US la tonne (18%) depuis leur creux de la mi-janvier. La question est à savoir

s’il vaut ou non la peine de profiter dès maintenant de cette hausse ou s’il reste mieux d’attendre encore un peu afin d’en obtenir davantage. Autrement dit, peut-on espérer vendre encore à meilleur prix?

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On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.

Comme toujours, il n’y a pas de réponse claire à cette question puisque rien ne permet de prévoir le futur.

Par contre historiquement, comme le révèle notre tableau avec l’exemple du maïs, il est intéressant de constater que la tendance que suivent les prix des grains entre la mi-janvier et la fin-mars est un indicateur intéressant à savoir si l’on peut espérer obtenir de bons prix plus tard dans l’année ou non.

En effet, si de la mi-janvier à la fin mars les prix des grains ont profité d’une bonne progression de leur valeur, on peut généralement croire que ceux-ci continueront leur hausse pour atteindre leur sommet de l’année en juin comme le veut la tendance saisonnière normale avec le maïs. À l’inverse, si la tendance qu’ils connaissent depuis le début de l’année est à la baisse, les chances d’obtenir un meilleur prix dans les mois suivants se révèlent beaucoup plus faibles.

Ainsi, dans le cas qui nous intéresse cette année, on sait que les prix des grains ont connu jusqu’ici une très belle appréciation de leur valeur depuis la mi-janvier. Ceci nous laisse donc croire qu’à moins d’imprévu, s’ils demeurent fidèles à eux-mêmes, ils n’auraient pas encore atteint leur sommet de l’année qu’ils devraient plutôt avoir lieu en juin dans le cas du maïs.

Mais attention! Même si cette petite analyse pourrait en convaincre certains de continuer à ne pas vendre leurs grains, il faut quand même demeurer très prudent. Rappelons entre autres que non seulement les producteurs américains semblent cette année prêt à semer une superficie exceptionnelle de maïs de plus de 94-95 millions d’acres, mais tout laisse entendre que les conditions dont profiteront les cultures pourraient être tout aussi exceptionnelle comme en témoigne le début de saison très hâtif qui est en cours. Or, en temps normal, ce qui contribue grandement à supporter les prix des grains au printemps et leur permet d’atteindre des sommets en juin et au début juillet, ce sont les incertitudes entourant les ensemencements américains. Il se peut donc très bien que faute de grandes inquiétudes si tout se déroule bien ce printemps aux États-Unis, les prix des grains peinent plus qu’à la normale à progresser de manière vraiment intéressante.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.