À la semaine prochaine…

Publié: 13 juin 2014

,

Jean-Philippe Boucher agr., MBA jpboucher@live.ca
Jean-Philippe Boucher agr., MBA [email protected]

Le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a présenté 3 juin son nouveau bilan d’offre et demande de grains. Et, il faut bien le reconnaître, il n’y a pas grand-chose de nouveau sous le soleil. On parle essentiellement d’importantes récoltes de maïs et soya pour l’automne, que ce soit dans le monde comme aux États-Unis. Dans le blé, la récolte à venir est par contre en recul par rapport à l’an dernier, mais rien de préoccupant considérant la baisse de consommation aussi anticipée.

Seul élément positif s’il en est un, la disponibilité de soya aux États-Unis se resserre un peu davantage encore une fois d’ici les prochaines récoltes. Mais rien de dramatique puisque les marchés ont déjà depuis belle lurette encaissé cette situation qui n’en reste pas moins préoccupante.

À lire aussi

À la semaine prochaine…

Plus de maïs québécois d’exporté cette année?

On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.

Bref, pas de surprise dans ce rapport qui aura finalement eu plus l’effet d’une douche froide sur les prix que quoi que ce soit d’autre.

La partie n’est cependant pas terminée. Excluant les imprévus météo des prochaines semaines, deux rapports clés pourraient encore faire bondir (ou non) les prix le 30 juin prochain.

Le premier, et non le moindre, est celui sur les superficies officiellement ensemencées aux États-Unis cette année. On le sait, le 31 mars dernier, le USDA a révélé des superficies records en soya à 81,5 millions d’acres (+6,5% p/r à l’an dernier), et un recul de celles en maïs à 84,3 millions d’acres (-4% p/r à l’an dernier). Toujours selon l’instance américaine, sur la base de rendement à 165,3 boisseaux/acre pour le maïs et 45,2 boisseaux/acre pour le soya, des récoltes records sont donc à prévoir comme on le sait, que ce soit dans le maïs comme le soya. Mais il en aura coulé de l’eau sous le pont depuis. Le retard dans les semis américains de maïs et de blé couplé au prix exceptionnel du soya en avril/mai dernier laisse entendre que de plus importantes superficies en soya pourraient avoir été semées cette année.

Si cette possibilité a de quoi inquiéter pour le marché du soya l’an prochain, cet ajustement pourrait par contre profiter au marché du maïs, puisque la consommation reste au rendez-vous alors que l’offre pourrait être moins importante que prévue.

Le second rapport du USDA à surveiller à la fin juin est celui sur les inventaires trimestriels de grains aux États-Unis au 1er juin. Or, ce rapport pourrait encore donner des ailes au prix du soya. Jusqu’ici les exportations et ventes à l’exportation de soya américain sont restées fortes. La trituration de soya aux États-Unis est également demeurée ferme dans les derniers mois.  Ensemble, la trituration et les exportations pourraient ainsi avoir fait fondre plus que prévu les inventaires de soya américain, une situation qui pourrait bien entendu faire bien des vagues et profiter aux prix.

Même son de cloche du côté des inventaires trimestriels de maïs aux États-Unis, puisque la production d’éthanol a passablement progressé au mois de mai dernier. Par contre, dans ce cas-ci, les expéditions de maïs américain à l’exportation accusent un retard significatif, ce qui pourrait venir annuler le gain de consommation du côté de l’éthanol.

Avec des récoltes records en vue, il ne faut pas pour autant se mettre la tête dans le sable et ignorer ce qui pourrait survenir dans les prochains mois, des chutes de prix importantes. Il reste cependant encore plusieurs semaines d’imprévus et les rapports de la fin juin en font partie. L’important est de rester à l’affût, de bien connaitre ses objectifs et surtout, de les respecter.

 

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.