Les premiers colons ont souvent divisé les terres agricoles du Québec en parcelles de trois arpents de large sur 40 de long. Pourquoi? Peut-être pour assurer un accès aux cours d’eau au plus grand nombre de colons possible, ou pour rapprocher les maisons les unes des autres ou encore afin de minimiser le nombre de routes à construire.
Étonnamment, on n’a pas calqué cette façon de diviser le territoire sur la France. Bref, cette division en longues bandes est assez singulière puisqu’on la retrouve seulement dans quelques pays, notamment en Serbie et dans certains pays d’Asie.
Les bandes étroites offrent l’avantage de minimiser les virages aux extrémités lors des travaux de champ. Elles permettent également d’avoir des rangs ou des concessions espacés aux 4,6 km plutôt qu’au 1,6 km, comme c’est le cas avec le système anglais de miles carré.
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Comment choisir la bonne semence?
Sélectionner la semence optimale pour le maïs ou le soya représente un gros défi. Bien que les caractéristiques génétiques des hybrides ou des cultivars puissent être connues à l’avance, il demeure difficile de prévoir les conditions de croissance pour la prochaine saison. Voici quelques conseils.
Aujourd’hui, les agriculteurs du Québec remembrent beaucoup de ces champs étroits, mais l’ensemble des parcelles demeurent rectangulaires, avec toutes les difficultés que cela comporte. Premièrement, les travaux mécanisés se font généralement, voire uniquement, sur le sens de la longueur causant ainsi des bandes longitudinales de variation. Deuxièmement, le rapport bordure : superficie du champ est nettement plus grand que pour un champ carré. Ainsi, les risques de dérive de pesticides et de dissémination de pollen ou de graines de mauvaises herbes chez un voisin sont plus importants.
Cependant, une conséquence insoupçonnée des champs étroits est la variation latérale nettement plus prononcée que la variation longitudinale. La variation peut être liée à un ancien fossé désormais rempli, une ornière formée lors de la précédente récolte, une bande de mauvaises herbes non-traitée, un rang qui n’a pas reçu d’engrais, etc. Or, si la variation est principalement latérale (en bande), c’est également dans cette direction que les capteurs de rendement ont le moins de résolution. Ainsi, un nez cueilleur de 8 rangs rapporte une série d’observations tous les 6 mètres et un nez de 12 rangs le fera tous les 9 mètres. Dans ce contexte, un problème circonscrit, affectant un ou deux rangs, pourrait passer inaperçu.

De plus, si vos cartes de rendement servent à construire des zones de gestion de champs, sachez que la plupart des algorithmes de géomatique agricole présument que la variation est aléatoire et d’égale amplitude dans les deux directions, lors de l’interpolation des données. C’est pourquoi il est judicieux de consulter d’autres données, tels des indices de végétation recueillis par drone ou des données topographiques publiées sur le site d’info-sol. Il est particulièrement souhaitable d’identifier une zone homogène pour positionner tout essai qu’on souhaiterait mener en 2024.