Maïs, azote et rendement

Les hybrides contemporains sont plus tolérants au stress et ils réagissent mieux aux semis denses que leurs ancêtres

Publié: 16 janvier 2024

Maïs, azote et rendement

Les hybrides de maïs ne réagissent pas tous de la même façon à la dose d’azote qu’on leur apporte. Cependant, l’aspect génétique est normalement moins important que d’autres facteurs de régie lors de la prise de décision sur la quantité d’azote à apporter au maïs. Toutefois, on se demande souvent quels sont les hybrides qui réagissent le plus à l’azote. Dans la même veine, devrait-on suivre la règle de fournir un kg d’azote pour 56 kg de grain (1 livre d’azote par boisseau récolté), comme on l’a si longtemps prodigué aux États-Unis?

Quoiqu’on puisse observer un reclassement du rendement des hybrides en fonction des doses d’azote qu’on leur apporte, il est difficile de cerner des tendances qui se répètent dans le temps et l’espace. Nonobstant cette difficulté, certaines semencières émettent, ou ont déjà émis, des recommandations en ce sens. Il faut dire que dans l’éventualité où on voudrait faire une application d’azote à taux variable, il serait bien utile de savoir quels hybrides sont les plus aptes à en bénéficier.

Pour ma part, je doute qu’on puisse prédire avec précision quel hybride bénéficiera davantage d’une dose plus élevée. La littérature abonde de résultats contradictoires où on note aussi bien l’absence que la présence d’une interaction significative entre les doses d’azote et les hybrides. De plus, l’offre d’hybrides est si rapidement renouvelée, qu’il est ardu de construire des banques de données fiables sur réponse des hybrides à l’azote. D’un point de vue pragmatique, on pourrait considérer que les hybrides réagissent également aux doses d’azote. Si différence il y a, elle est souvent petite.

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Pour répondre à la deuxième question, celle sur l’efficacité de l’utilisation de l’azote, penchons-nous brièvement sur les études qui comparent des hybrides de différentes époques. Avant toute chose, soulignons que depuis quelques décennies l’apport moyen d’azote au maïs est relativement stable aux États-Unis. Pourtant, la sélection végétale a produit, au cours de la même période, une augmentation moyenne du rendement de 0,7 % par année. Alors, comment est-il possible d’avoir de plus en plus de rendement sans fournir plus d’azote ?

Selon les rapports d’études qui suivent l’évolution des hybrides, plusieurs changements physiologiques et morphologiques expliquent ce phénomène. Tout d’abord, les hybrides contemporains sont plus tolérants au stress et ils réagissent mieux aux semis denses que leurs ancêtres. Ainsi, leur senescence est retardée et leur métabolisme de fin de saison est plus élevé. Ils peuvent donc prélever l’azote du sol pendant plus longtemps et continuer d’accumuler de la matière sèche jusqu’à la fin. D’ailleurs, des chercheurs ont constaté chez les hybrides récents une plus grande absorption de l’azote durant la phase reproductive.

Mais il y a plus. On a également observé un accroissement de la remobilisation de l’azote vers l’épi, de sorte que la quantité d’azote présente dans le grain a presque cru au même rythme que la portion de la matière sèche totale qui provient du grain. À vrai dire, sur une longue période, soit depuis la venue des hybrides à croisement simple dans les années 1960, la portion que représente le grain est passée de 50 à 55 % de la matière sèche aérienne.

Cependant, la concentration d’azote dans le grain a légèrement fléchie au cours de la même période, selon ces études. On a également noté que les hybrides courants sont moins enclins que leurs prédécesseurs à produire des grains avortés en conditions de stress. C’est d’autant plus de matière sèche, pour la même dépense d’azote, qui se rend aux silos.

En résumé, le cumul de plusieurs petits changements ont permis au maïs de faire plus avec sensiblement les mêmes ressources. Enfin, soulignons que si les agriculteurs américains n’augmentent pas ostensiblement les doses d’azote depuis quelques temps, ils ont néanmoins adopté des pratiques culturales, telle l’implantation de cultures de couverture, qui améliorent la capacité du sol à fournir l’azote au maïs.

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À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marc Montpetit

Jean-Marc Montpetit

Chroniqueur au Bulletin des agriculteurs

Jean-Marc Montpetit est sélectionneur de végétaux et agronome. Il fait aussi de la vulgarisation de concepts agronomiques auprès des agriculteurs.