Est-ce que 2024 sera une année marquée par des problèmes de mycotoxines dans le maïs? C’est presque impossible de le prédire, parce qu’on ne connait pas la météo qu’on aura durant la période allant de juillet à octobre. Cependant, tout ce qui risque de retarder la précocité du maïs – semis tardif ou choix d’hybride tardif – peut donner un coup de pouce aux pathogènes responsables des mycotoxines. Ils peuvent profiter d’une récolte tardive pour croitre plus longtemps ou simplement produire des toxines sur une plus longue période. Plusieurs pathogènes peuvent produire des toxines chez le maïs, quoique Gibberella zeae soit le plus commun au Québec.
Les producteurs de maïs du Michigan et de l’Ontario sont depuis longtemps confrontés à cette maladie qui infecte autant le maïs que le blé. Au Québec, notre climat relativement plus sec – à cause de notre éloignement des grands lacs – et notre adoption tardive de la culture du blé d’automne ont sûrement aidé à maintenir cette maladie à des niveaux moins inquiétants que ceux observés dans le sud-ouest de l’Ontario. Toutefois, depuis quelques années les superficies de blé d’automne croissent en popularité. La culture du blé peut influer sur la fusariose des épis de deux façons : ses résidus laissent dans l’assolement l’inoculum qui infectera le maïs; les moissonneuses-batteuses qui récoltent le blé d’automne disséminent les spores du pathogène sur les soies du maïs qui sont encore fraîches et humides. Précisons que G. zeae infecte les épis par des blessures faites au grain ou par une colonisation des soies recouvertes des spathes qui croissent au-delà de l’extrémité de l’épi. Notons que G. zeae peut également infecter les racines et progresser dans la partie inférieure de la tige, produisant ainsi une pourriture qui mène souvent à la verse. Cette infection de la base de la plante est normalement indépendante de celle qui touche l’épi, mais elle peut également augmenter la charge de mycotoxines dans le maïs fourrager.
Des lignées de maïs procurant une résistance élevée à cette maladie existent, mais elles sont rares. À l’instar de la pourriture sclérotique du soya, la sélection végétale a amélioré sensiblement la tolérance, mais il reste beaucoup de travail à accomplir pour atteindre la résistance souhaitée. Notons que les hybrides auxquels on a incorporé des gènes de résistance à la pyrale ou au vers-gris occidental du haricot auront moins de blessures des épis et ils pourraient conséquemment être moins sensibles à la fusariose. J’utilise le conditionnel parce que d’autres facteurs influencent le degré de tolérance des hybrides. Par exemple, la longueur des spathes, un caractère morphologique héréditaire, joue également un rôle dans le taux d’infection. En dernier lieu, certains hybrides vont plus facilement décomposer les mycotoxines pour les rendre moins nocives. Outre le degré de tolérance des hybrides, qui est souvent difficile à évaluer, la rotation des cultures et la gestion des résidus peuvent aider à prévenir la maladie. Certes, la météo est le facteur qui influe le plus sur la prolifération de cette maladie, ce qui la rend si imprévisible.
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Comment choisir la bonne semence?
Sélectionner la semence optimale pour le maïs ou le soya représente un gros défi. Bien que les caractéristiques génétiques des hybrides ou des cultivars puissent être connues à l’avance, il demeure difficile de prévoir les conditions de croissance pour la prochaine saison. Voici quelques conseils.
Il est difficile de prévoir la quantité de mycotoxines qui se produiront dans un champ. Cependant, tant que le maïs n’est pas sec, le pathogène peut produire des toxines, même si les conditions ne lui sont pas favorables. Voilà pourquoi il est préférable de récolter et de sécher rapidement le maïs qui présente des symptômes de la maladie. Bien que les toxines soient tolérantes à la chaleur et qu’on ne puisse pas les détruire au séchage, une fois que le grain est sec, leur production cesse pratiquement. Chez le maïs infecté par G. zeae, la rafle et le son ont habituellement une concentration plus élevée de mycotoxines que le grain. C’est ce qu’ont démontré les recherches faites par Lana Reid, lors de ses études de doctorat à McGill dans les années 1990. Sachant que le son et les morceaux de rafle contiennent plus de toxines, un criblage du grain avant l’entreposage peut efficacement réduire les toxines.