
Un dicton anglais bien connu dans les marchés dits « rain makes grain » (la pluie fait le grain). Hé bien si c’est vrai, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’avec le début de saison qu’on a, on devrait crouler sous des montagnes de grains à l’automne prochain…
Bien sûr, c’est un peu tôt pour lancer des pronostics. On peut dire aussi que « trop c’est comme pas assez ».
Quand on jette un coup d’œil sur les conditions actuelles des sols aux États-Unis, on constate rapidement que certaines régions commencent à être sérieusement détrempées. C’est le cas pour : le Michigan, Wisconsin, une portion du Minnesota et de l’Illinois, l’Iowa et aussi certains secteurs du Kansas (voir la carte ).
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Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Maintenant, concrètement, est-ce qu’on doit vraiment s’inquiéter de cette situation?
À priori, la réponse est non, mais…
Tout se jouera davantage dans les prochaines semaines. Le fait que les sols soient excessivement humides peut occasionner des problèmes. Vous êtes producteurs, vous le savez mieux que moi. Sauf que ce sont surtout les conditions météo à venir qui seront déterminantes.
Les prévisions météo changent de jour en jour. Au moment d’écrire ces lignes, les cartes disponibles proposent encore aux États-Unis des précipitations au-dessus des normales pour les 15 prochains jours. Si c’est le cas, pour les régions déjà en excès d’eau, la situation pourrait donc s’avérer un peu plus problématique. Des avertissements d’inondations plus au nord du Midwest ont même été lancés.
Les conditions très humides de début de saison ont aussi occasionné un retard notable dans les ensemencements américains de maïs. En date de dimanche dernier, ils étaient complétés à 6%, la moitié moins de ce qu’ils étaient à pareille date l’an dernier, et 3% de moins que la moyenne des 5 dernières années.
Même son de cloche du côté des ensemencements de blé de printemps complété seulement à 13% dimanche dernier, 12% de moins qu’à pareille date l’an dernier, et 8% de moins que la moyenne des 5 dernières années.
Concernant le soya, les ensemencements américains ne font que débuter dans le sud du pays et ne sont pas encore rapportés à l’échelle nationale. Le prochain rapport hebdomadaire sur la progression des ensemencements américains lundi prochain devrait nous en dire davantage à ce sujet.
Ce qu’on retient par contre de ces 1ers chiffres est qu’il y a bel et bien un retard dans le début des ensemencements de maïs et de blé de printemps.
Il reste néanmoins encore tôt pour lancer le signal d’alarme. Tant que nous n’avons pas franchi le cap du 1er mai, la plupart des producteurs américains auront encore une bonne fenêtre pour semer, pour autant bien sûr que des conditions météo plus sèches voient le jour. Et c’est bien là, du côté des marchés, qu’il faudra être très attentif dans les prochaines semaines.
Après plusieurs mois difficiles du côté des prix des grains, une première fenêtre d’opportunité commerciale plus intéressante pourrait voir le jour. Sachant que le début de saison est déjà très humide, à partir de la semaine prochaine, toute prévision météo de précipitations plus importantes qu’à la normale pour la première moitié de mai commencera sérieusement à préoccuper et soulever les prix. Dans le cas du maïs, c’est d’autant vrai que les producteurs américains ont indiqué avoir l’intention d’en semer leurs plus faibles superficies depuis 2010. Qu’arriverait-il alors s’ils ne parviennent même pas à tout semer?
Sauf que la météo, c’est la météo. Les précipitations importantes d’avril pourraient tout aussi bien se poursuivre comme cesser brusquement en mai. Si les prix grimpent dans les prochaines semaines, la fenêtre d’ouverture pour capturer de bonnes opportunités de vente pourrait rapidement se refermer. Ce fût d’ailleurs le cas l’an dernier en juin.
Il faut donc être très attentif et prêt à agir. Pour les producteurs, le printemps n’est jamais une période idéale pour suivre adéquatement les marchés. Par contre, on peut toujours prévoir le coup en se fixant dès maintenant des objectifs de ventes « réalistes » avant que les travaux aux champs n’accaparent toute l’attention.