
L’année 2013 a débuté, disons-le, plutôt mollement. Peu de nouvelles fraîches… essentiellement de bonnes conditions en Amérique du Sud pour le soya et des données hebdomadaires plutôt négatives côté exportations américaines de maïs et production d’éthanol. Résultat?
Avant que le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) ne publie ses rapports le 11 janvier dernier, les marchés s’effritaient tranquillement à tel point d’atteindre des creux inégalés depuis le mois de juin dernier. Les choses ont cependant bien changé par la suite.
On pourrait ici faire la liste des changements qu’aura apporté la publication de ces derniers rapports du USDA. Mais l’essentiel à retenir se situe dans les résultats qu’aura laissé entendre le rapport sur les inventaires de grains aux États-Unis en date du 1er décembre dernier.
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Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Ce que suggère ce rapport, c’est que la consommation de grains aux États-Unis n’aura pas réagit de manière aussi importante qu’on aurait pu le croire aux prix élevés de l’été et du début d’automne dernier.
En fait, comme le révèlent les graphiques ci-joints, que ce soit pour le maïs, comme pour le soya, les inventaires de grains chez nos voisins du sud sont bels et biens nettement en recul par rapport à la normale, que ce soit comparativement à l’an dernier ou par rapport à la moyenne des 5 dernières années.
Le fait que les États-Unis soient en situation précaire côté disponibilité de grains pour les prochains mois n’est certainement pas chose nouvelle. Avec l’importante sécheresse de l’été dernier, on savait déjà depuis plusieurs mois que les consommateurs américains devraient se rabattre sur une offre restreinte de grains en 2013. Mais ce qui surprend vraiment c’est le fait que les consommateurs aient été plus « insensibles » qu’on aurait pu le croire à la hausse vertigineuse des prix, ce qui crée maintenant des contextes très intéressants.
Pour le maïs, la surprise est spécialement de taille puisque l’atteinte d’un prix record de tous les temps en août dernier aura été largement médiatisée. On sait aussi qu’à partir de ce moment, la machine à rumeurs aura fait ses choux gras de l’idée que les producteurs de viandes (spécialement de porc, mais aussi de bœuf) ne pourraient encaisser le coup et que des fermes seraient appelées à cesser leurs activités. Et il ne fait aucun doute que ce fut le cas pour certains. Par contre, les productions de porc et de bœuf n’ont pas ralenti pour autant… elles ont en fait même légèrement augmenté selon les derniers chiffres du USDA!!!
Intégration par de plus gros joueurs, des abattoirs ou les producteurs seront simplement parvenus à tenir le coup? Difficile à dire rapidement. Mais le fait est qu’au bas mot, pour l’instant, la consommation de maïs destinée à l’alimentation animale n’aura pas reculé. À ce rythme, sans qu’on parle de pénurie, on ne peut pas dire que les consommateurs américains ne seront pas encore plus serrés que prévu dans les prochains mois s’ils ne ralentissent pas la cadence. Bref, autrement dit, il faut que le prix monte davantage pour calmer leurs ardeurs semble-t-il…
Pour le soya, la situation est différente. Ce que les inventaires trimestriels américains de soya du 1er décembre confirment, se situe à 2 niveaux. Le premier est que malgré l’entêtement du USDA à ne pas corriger ses prévisions, les ventes hebdomadaires à l’exportation de soya américain continuent toujours de nettement dépasser les attentes. Et dans cette conjoncture, à moins que les prochains mois ne donnent raison au pari qu’a pris le USDA de voir l’importante récolte sud-américaine venir agressivement faire compétition au soya américain, le risque de voir les exportateurs américains drainer à sec les réserves des États-Unis demeure à l’ordre du jour. Le deuxième est que contre tout attente, les triturateurs de soya n’ont pas réagi de manière aussi importante que prévue au prix élevé du soya au cours de la fin de l’été et du début de l’automne.
Donc encore là, tout comme dans le maïs, le fait est que les signes de ralentissement de la demande de soya ne sont pas aux rendez-vous comme le prévoyaient les marchés. Et avec des inventaires américains de soya qui laissent peu de place à l’erreur, le résultat reste le même qu’avec maïs : une hausse des prix pour calmer les consommateurs.
Contextuellement, dans l’immédiat, la balle est donc dans le camp de ceux qui espèrent voir les prix grimper davantage. Fait intéressant, ceci correspond également à un retour à la normale voulant que les prix suivent une tendance saisonnière à la hausse d’ici au mois de juin.
Comme toujours, il faut cependant faire attention, car cette situation pourrait rapidement changer en un tour de main. Et le début d’année que nous avons connu avant la publication des rapports du USDA du 11 janvier dernier reste un avertissement à ne pas prendre à la légère pour autant.