Avec les conditions de sécheresse qui persistent pour conclure la saison aux États-Unis, semaine après semaine, le rapport hebdomadaire sur l’état des cultures du département américain de l’Agriculture (USDA) confirme que les rendements américains ne seront pas au rendez-vous cette année.
Ceci n’est pas nécessairement quelque chose de nouveau. Après avoir envisagé des rendements records en mai dernier, les conditions sèches observées dans le Midwest américain cette année ont invité le USDA à dégonfler la balloune. Pour le maïs, nous sommes passé d’une projection de rendement record de 11,4 tm/ha à 10,9 tm/ha dans son rapport mensuel de ce mois-ci. Même son de cloche pour le soya qui est passé d’un rendement potentiel record de 3,5 tm/ha à 3,37 tm/ha ce mois-ci.
Et avec la fin de saison en queue de poisson, on peut maintenant s’attendre à ce que les rendements américains soient encore moins élevés dans les prochaines projections du USDA. Mais, est-ce que ceci peut vraiment changer quelque chose dans le marché? Pour le soya, peut-être… pour le maïs, j’en doute…
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Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Je vous joins deux séries de graphiques pour illustrer mes propos. Commençons par le maïs.

Comme on le constate, effectivement, le rendement américain en maïs a été revu passablement à la baisse depuis le printemps. Toutefois, non seulement la demande à l’exportation pour le maïs américain continue de tirer de l’arrière, mais surtout, les producteurs américains auront choisi d’en semer plus que ce qui était initialement anticipé.
Par conséquent, malgré des rendements décevants à l’horizon, on constate en un coup d’œil que la disponibilité de maïs (le nombre de jours de réserve) reste toujours prévue en forte hausse pour la prochaine année aux États-Unis; à son plus haut en cinq ans.
Calcul rapide, pour renverser la vapeur et nous retrouver dans une situation comparable aux trois dernières années, il faudrait que le rendement moyen recul de nouveau cet automne autour de 10,2 à 10,4 tm/ha contre 10,9 tm/ha de prévu pour le moment. Rien n’est impossible, mais disons que ce serait très étonnant.
La situation est bien différente pour le soya.
À l’image du maïs, on voit bien que le rendement américain prévu pour le soya est aussi considérablement à la baisse par rapport à la projection initiale de mai dernier.

Par contre, contrairement au maïs, les producteurs américains auront choisi d’en semer moins que ce qui était initialement prévu. Nous nous retrouvons donc dans une situation où mois après mois, les rendements moins prometteurs font rapidement fondre la disponibilité de soya aux États-Unis pour la prochaine année.
En fait, si on se fie aux chiffres du USDA de septembre, il faut s’attendre à ce que la disponibilité de soya soit à son plus bas niveau en huit ans! Et tout ceci, tout en gardant en tête qu’avec le piètre état actuel des cultures de soya aux États-Unis, le rendement moyen américain pourrait très bien reculer encore davantage. Imaginons si ensuite la saison tourne au vinaigre du côté de l’Amérique du Sud cet hiver…
Alors, qu’est-ce que ça change vraiment que l’état des cultures soit le pire en cinq ans pour conclure la saison aux États-Unis? Pour le maïs, pas nécessairement grand-chose, mais pour le soya, c’est une toute autre histoire.