
Le prix du maïs a-t-il touché un creux? La question se pose, puisque présentement, pour ceux qui aimeraient en vendre, il n’y a pas de quoi se réjouir.
Seulement au cours des 3 à 4 dernières semaines, le prix du maïs a en effet facilement perdu entre 30 à plus de 40 $ la tonne pour maintenant se transiger autour de 170 à 190 à la ferme selon les acheteurs et les régions. Cette baisse est d’autant importante si on remet les choses en perspective puisqu’il y a un an, à pareille date, il n’était pas encore impossible de transiger du maïs à près de 300 $ la tonne.
Doit-on alors s’attendre à ce que le prix du maïs s’écrase davantage ou non? Comme toujours, il n’y a rien qui puisse nous permettre de vraiment prévoir l’avenir. Par contre, certaines choses peuvent nous éclairer à ce sujet.
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Plus de maïs québécois d’exporté cette année?
On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.
Il faut tout d’abord se rappeler qu’en temps normal, le prix du maïs est naturellement porté à toucher un creux au cours de l’automne. C’est ce qu’illustre bien le graphique suivant :
Fait intéressant, on peut noter sur ce graphique que le creux moyen des dernières années n’est pas spécifiquement en début de récolte, mais plutôt à la fin, au début décembre. Sans grande analyse en profondeur, on peut se douter ici que les producteurs de grandes cultures seraient ainsi portés à remplir au bouchon leurs silos, avant de vendre par la suite ce qu’ils ne peuvent entreposer à la fin des récoltes.
Suivant cette logique, on peut donc déduire qu’il est très possible que le prix du maïs puisse s’effondrer davantage au Québec dans les prochaines semaines. On se retrouverait alors avec des niveaux de prix que nous n’avons pas connus depuis l’hiver 2010 avoisinant 150 à 160 $ la tonne. Il y a cependant un hic à ce scénario qui peut donner quelques sueurs froides à ceux qui doivent vendre coûte que coûte à la récolte.
Sans qu’il soit possible pour l’instant de chiffrer avec exactitude le phénomène, il semble que « l’affaiblissement » du prix du maïs à partir de la fin août n’aura pas été sans conséquence. En effet, si l’on se fie aux différentes rumeurs qui circulent, la « faiblesse » du prix du maïs des dernières semaines aurait eu pour effet d’inciter les producteurs de grandes cultures à se refermer comme des huîtres. Autrement dit, jugeant le prix trop peu intéressant, ceux-ci préfèreraient plutôt attendre de meilleurs jours avant de vendre, quitte à même reporter leurs ventes sur la nouvelle récolte.
Faute d’un approvisionnement suffisant, les acheteurs de maïs n’auraient donc d’autres choix présentement que celui d’essayer de payer plus cher pour inciter les producteurs à vendre. En ce sens, cette situation viendrait en quelque sorte freiner la chute actuelle du prix du maïs qui, éventuellement, pourrait même toucher un creux plus rapidement que ne le suggérait la tendance saisonnière dont nous avons parlé plus haut.
Il y a donc de l’espoir pour ceux qui espèrent voir le prix du maïs cesser de reculer prochainement. Mais, encore une fois, une mise en garde s’impose.
Contrairement aux producteurs de grandes cultures qui, grâce à leurs silos peuvent patienter le temps qu’il faudra avant de vendre, les acheteurs n’ont pas ce loisir. Pour continuer d’opérer, ils doivent d’une manière ou d’une autre s’approvisionner en maïs. Or, faute d’opportunités pour le faire de manière suffisante à leurs yeux au Québec, rien ne les empêche pour autant d’y parvenir en regardant du côté de l’Ontario et même du Midwest Américain, deux régions où tout comme au Québec de bonnes récoltes sont attendues.