Les prix des grains n’ont pas dit leur dernier mot

Publié: 29 avril 2019

,

Les prix des grains n’ont pas dit leur dernier mot

Normalement, l’arrivée du printemps coïncide avec de la nervosité dans l’air, et un retour progressif à la hausse des prix à la bourse. Mais cette année fait jusqu’ici bande à part pour plusieurs raisons : stocks américains et mondiaux élevés, incertitudes dans les perspectives de demande, possibilité d’importantes récoltes pour l’automne prochain, négociation qui s’étirent en longueur entre les États-Unis et la Chine, pour ne nommer que les principaux facteurs qui affectent négativement les prix présentement.

Englués dans cette négativité, les prix des grains à la bourse s’effritent, de retour à la case départ à des niveaux comparable à la dernière récolte. Ils ont en fait assez reculé dans les dernières semaines pour qu’on puisse se demander maintenant s’ils pourraient vraiment s’apprécier de nouveau d’ici l’automne. En principe, la tendance saisonnière dit que oui, au moins pour le printemps. Mais dans les faits, est-ce possible que les prix des grains poursuivent à la baisse jusqu’à l’automne?

À lire aussi

Les prix des grains n’ont pas dit leur dernier mot

Plus de maïs québécois d’exporté cette année?

On m’a demandé si j’anticipais une hausse plus importante du prix du maïs au Québec cette année, étant donné que la demande à l’exportation était plus forte que la normale cette année. C’est une excellente question, mais difficile à répondre.

Par curiosité, j’ai donc jeté un coup d’œil au comportement des marchés du maïs et du soya depuis 2000 à Chicago. L’objectif, trouver les années où tout a mal viré à partir de la mi-avril;  celles où nous avons assisté à un recul sans équivoque des prix du début du printemps jusqu’à l’automne.

Le résultat (ci-joint), très peu d’années ressortent du lot : 2004, 2011 et 2014 dans le maïs, et 2000, 2004, 2014 et 2018 dans le soya. Mais, ce qu’il est encore plus intéressant de constater, c’est que dans tous les cas, que ce soit pour le maïs comme le soya, les années avaient démarré à la hausse avant le mois d’avril. Autrement dit, on peut pratiquement dire qu’au cours de ces années, des sommets ont été atteints en avril, au lieu des mois de mai ou juin comme c’est souvent le cas. C’est loin de ce que nous constatons cependant pour 2019, où nous reculons depuis le début de l’année et que nous touchons présentement de nouveaux creux.

 

Bien entendu, tout demeure possible et 2019 pourrait très bien faire exception à la règle. Mais, disons simplement que basé sur cette brève analyse, avec du recul sur le comportement des prix à la bourse du maïs et soya depuis 2000, il serait étonnant que ceux-ci ne proposent pas à tout le moins un rebond intéressant d’ici l’automne prochain.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Philippe Boucher

Jean-Philippe Boucher

Collaborateur

Jean-Philippe Boucher est agronome, M.B.A., consultant en commercialisation des grains et fondateur du site Internet Grainwiz. De plus, il rédige sa chronique mensuelle Marché des grains dans le magazine Le Bulletin des agriculteurs.