Dans le contexte des changements climatiques, on se demande parfois si les cultivars modernes sont plus instables ou plus sensibles aux stress abiotiques que ceux d’autres époques, parce qu’ils auraient été sélectionnés dans des environnements optimums et ne seraient pas aptes à affronter les rigueurs des champs de production.
En fait, pour ce qui est de la tolérance au stress, c’est plutôt le contraire qui s’est produit : les hybrides modernes ont plus de rendement parce qu’ils ont une meilleure tolérance au stress. Plusieurs études menées par Mathijs Tollenaar1 et ses collègues l’ont démontré. En revanche, il y a toujours eu des cultivars plus stables que d’autres.
Or, la stabilité des cultivars n’assure pas nécessairement la stabilité financière de l’entreprise. Par exemple, si on compare un hybride de maïs « stable », qui rend entre 11 t/ha et 14 t/ha, à un dont le rendement oscille entre 11 t/ha et 15 t/ha, on voit que la stabilité en soi n’est pas un gage de rentabilité.
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Certains caractères aident à maintenir un rendement stable, sans toutefois le réduire, alors que d’autres, l’hypothèquent. Ainsi, un gène qui confère une meilleure tolérance à une maladie du feuillage préserve le rendement en présence du pathogène sans le grever en son absence.
D’autres caractères, qu’on désigne « défensifs », protégeront le rendement en présence de stress, mais auront un coût en conditions optimales. C’est le cas de la floraison hâtive chez le maïs, qui aide à mieux tolérer les saisons froides et nuageuses, mais qui limite le rendement lors de saisons chaudes.
De même, les semences tolérantes à la sécheresse vont accorder plus d’importance au développement de leurs racines et plus rapidement fermer leurs stomates pour conserver l’eau. Ce comportement, désirable par temps sec, peut limiter le rendement en absence de stress hydrique. D’une part, la matière sèche qui s’accumule dans les racines est en compétition directe avec celle qui s’accumule dans le grain et, d’autre part, trop rapidement stopper la transpiration réduit également le taux de photosynthèse.
Ne connaissant pas au préalable le genre de saison qu’on aura, la meilleure façon de stabiliser le revenu est de diversifier le choix des cultivars, voire celui des espèces que l’on sème.
(1) Genetic improvement in density and nitrogen stress tolerance traits over 38 years of commercial maize hybrid release
K. Chen, J. J. Camberato, M. R. Tuinstra, S. V. Kumudini, M. Tollenaar and T. J. Vyn
Field Crops Research 2016 Vol. 196 Pages 438-451
DOI: 10.1016/j.fcr.2016.07.025